Dijon – Doux Amers à La Minoterie

En avril, la Compagnie du Champ Exquis sera de passage par Dijon et La Minoterie, pour une résidence en vue de la création de sa prochaine pièce, Doux Amers, qui sera achevée en octobre prochain. La Minoterie poursuit son accueil de compagnies en résidence, étapes clés de l’élaboration de spectacles, aboutissant sur une sortie de résidence pour une première confrontation avec le public.

Photo : DR

La compagnie qui nous vient du Calvados travaille actuellement sur le second volet d’un diptyque intitulé Au Fil de Soi, conçu par Laure Rungette et Deborah Lennie, autour du lien unissant la mère et l’enfant. Les thèmes de la séparation avec la mère et quelques questions existentielles qui peuvent survenir dès le plus jeune âge seront aussi évoqués. Le premier volet se composait de la pièce Oups ! (version tout terrain) et L’heure bleue (version salle de spectacle), deux performances qui s’inspiraient du roman pour les bébés de Corinne Dreyfus, Caché ! (Ed. Thierry Magnier). Après la petite enfance, la compagnie passe avec Doux Amers, de Sarah Carré, à une proposition pour le jeune public dès 6 ans et pour les adultes qui les accompagnent.

La compagnie nous présente Mam et sa « Môm », une fille et sa mère qui, après une relation fusionnelle, doivent déjà penser à se séparer. L’« enfant-roi » et la « reine-mère » illustrent ainsi une relation « en accéléré » entre une mère et son enfant, « comme une écharpe, avec des mailles à l’endroit et des mailles à l’envers», souligne encore la Compagnie du Champ Exquis. « Une écharpe qui peut protéger comme étouffer. Gare ! » La compagnie rappelle qu’en navigation, un amer est un objet fixe servant de point de repère, ce que doit être une mère pour son enfant. Mais c’est aussi « ce petit goût âpre parfois stimulant mais plutôt désagréable qui reste au fond de la gorge et dont on n’arrive absolument pas à se séparer, à se débarrasser. » De la mère aimante à la mère dévorante, envahissante, il n’y a donc parfois qu’un pas… « Et pourtant, le départ doit avoir lieu pour permettre à l’enfant de grandir, de poursuivre son chemin seul loin du nid douillet de la maison…»

Pour Doux Amers, Laure Rungette et Deborah Lennie ont passé commande d’un texte à Sarah Carré, et la compagnie a également demandé conseil à Laure Marchal, pédopsychiatre, qui explique que c’est à l’âge de 5-6 ans que l’enfant se structure à travers la lecture et l’écriture, ce qui rend possible une séparation avec la mère. « L’art joue un rôle de catalyseur et devient un facteur de stimulation essentiel dans la construction de chaque être », dit encore la compagnie. La mise en scène et la scénographie cherchent à traduire l’ambivalence de la relation, incarnée par deux comédiennes au centre d’un espace encerclé par quatre gradins, ce cercle matérialisant le nid protecteur. Une matière centrale dans la pièce est le raphia, envahissant peu à peu l’espace, et faisant entendre un bruissement. Une « chevelure » inspirée du livre Mère-Méduse de Kitty Crowther, tour à tour enveloppante… et étouffante.

– Dominique Demangeot –

Doux Amers (Sortie de résidence), Dijon, La Minoterie, 13 avril à 14h30
www.laminoterie-jeunepublic.fr

 

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