Cinémas d’Aujourd’hui – Juste la fin du monde

Drame de Xavier Dolan, Canada-France, 2016, vostfr

Durée : 1h35

Avec : Gaspard Ulliel, Vincent Cassel, Nathalie Baye

Grand Prix du festival de Cannes 2016.

 « Juste la fin du monde », même si le titre n’est pas de lui, résume parfaitement le cinéma de Xavier Dolan, cet équilibre perpétuel entre économie apparente et emphase, entre introspection et exubérance. Quid du choix de la pièce de Lagarce ? Dramaturge obscur pour beaucoup ( sauf pour les franc-comtois, et encore ), ce choix n’est évidemment pas innocent et tend à montrer voire à prouver le goût du paradoxe chez ce réalisateur qu’est Xavier Dolan.

Juste la fin du monde par Xavier DolanCe film se présente comme du théâtre filmé, avec une apparente économie de moyens, peu de décor, mais c’est méconnaître le sens du détail du jeune prodige ( passant par la coiffure, le maquillage voire les raccords couture pour certaines tenues ). Certes, il s’est entouré d’acteurs bankable mais qui n’ont sans doute jamais aussi bien joué. Rarement la complexité psychologique d’une famille aura aussi bien été mise à nu. L’incommunicabilité entre les êtres est traduite par des gros plans, voire de très gros plans, interdisant de fait d’apparaître ensemble dans le champ, s’excluant tour à tour pour parler de soi et se rendre compte que les paroles sont vaines.

La petite sœur, jouée par une Léa Seydoux, enfin juste et crédible, renforce ce sentiment d’impossibilité de communiquer, malgré tout l’espoir qu’elle mettait dans le retour du frère, tant attendu. La belle-sœur, jouée par une Marion Cotillard extraordinaire de déficience, de non-dits, de balbutiements, de retenue, semble la seule à pouvoir parler à ce revenant, déjà fantomatique, venant annoncer son « départ », doux euphémisme,  sans jamais pouvoir le nommer clairement. Les prestations de Baye et Cassel se passent de tout commentaire, tant ils semblent être devenus ceux qu’ils jouent.

Alors, oui, Xavier Dolan divise, hérisse, énerve, mais ce film pourrait à lui seul le résumer : Intimiste, mais joué par des stars, pudique mais exubérant ( réussir à réunir O-zone, Moby dans une adaptation de Lagarce, c’est la preuve de ses contradictions qui font aussi son génie ). La philosophie de Dolan semble être parfaitement concentrée dans la phrase qu’il prononça en recevant son prix à Cannes :

« Tout ce qu’on fait dans la vie, on le fait pour être aimé. Moi, en tout cas oui. »

Lucie Brownie

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