Besançon-Strasbourg – Oui au CDN et au TNS

Célie Pauthe et Claude Duparfait renouent avec leur auteur fétiche, Thomas Bernhard, à l’occasion de l’adaptation scénique de son court roman Oui, publié en 1978, l’histoire d’une rencontre entre deux êtres que tout oppose, deux solitudes qui se rejoignent dans une forêt.

Photo : Irina Lubtchansky

Célie Pauthe retrouve donc Claude Duparfait avec qui elle avait adapté Des arbres à abattre de Thomas Bernhard en 2012. On avait également pu voir au CDN La Fonction Ravel en 2016, où le comédien partageait la scène avec le pianiste François Dumont. Célie Pauthe l’accompagnait dans la mise en scène de la pièce. Ici, pas de piano mais un écran en fond de scène où l’on peut voir le comédien filmé dans une forêt en compagnie de Mina Kavani qui interprète la Persane. « C’est un des romans de Thomas Bernhard qui m’a laissé une empreinte très marquante, qui contient une face sombre », explique Célie Pauthe, « mais il initie l’un des thèmes qui reviendra beaucoup, la définition de ce qu’est un être vital, de ce que peut être une rencontre avec quelqu’un, sans qui peut-être on n’aurait pas survécu. »

Car dans le roman de Thomas Bernhard, les deux personnages se sauvent mutuellement lors de leurs promenades en forêt, contées par l’homme, seul au plateau dans cette mise en scène de Célie Pauthe, sa dernière à Besançon en tant que directrice du centre dramatique. L’homme qui s’adresse à nous se souvient du temps, privilégié, passé avec cette Persane. La metteuse en scène évoque la place centrale de la forêt dans le texte de Bernhard, presque un troisième personnage auquel Célie Pauthe a souhaité donner toute sa place. Il faut dire que les arbres constituent un abri, un refuge pour l’homme et la femme. C’est au milieu des arbres que ces derniers échangent sur leurs parcours, et partagent également leurs passions pour les arts, Schopenhauer et Schumann en particulier mais aussi sur le monde en général, comme un trait d’union entre deux êtres que tout sépare, « une sorte de communauté d’esprit et d’âme », ainsi que le soulignait Claude Duparfait lors de la présentation de saison du TNS.

Lui habite dans un village de Haute-Autriche, misanthrope au bord de la crise de nerfs. C’est un scientifique qui mène des recherches sur les anticorps dans la nature. Ce travail le sépare peu à peu de ses semblables et il ne sort presque plus de chez lui. Un jour chez son ami Moritz, agent immobilier, il apprend qu’une femme étrangère vient d’arriver avec son compagnon suisse. Le terrain qu’ils ont acheté pour construire une maison se révèle impraticable, planté devant un marécage. « C’est un grand mystère pour tout le pays : que viennent faire ce Suisse et cette persane dans ce confins de Haute-Autriche ? », demande Célie Pauthe. « On part avec Célie d’une situation immédiate du théâtre, d’une personne qui a un désir compulsif de raconter pour peut-être exulter quelque chose », explique le comédien, « et se remettre en connexion avec une forme de vitalité profonde. » La langue persane intervient également dans la pièce ; on peut l’entendre dans les scènes tournées avec la comédienne iranienne pour « essayer de filmer ce bonheur, cette complicité absolument extraordinaire qui s’invente dans cette forêt. »

– Dominique Demangeot –

Oui, Centre Dramatique National Besançon Franche-Comté, du 17 au 21 octobre
cdn-besancon.fr

Strasbourg, TNS, du 24 au 28 octobre – tns.fr

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