Besançon – Selve aux 2 Scènes du 26 au 29 novembre

Reportage de Diversions sur Selve

 
Du 26 au 29 novembre, Les 2 Scènes et le GdRA nous convient à un voyage de l’autre côté du globe. C’est en Amazonie que nous transporte Selve, pièce écrite entre la France et la Guyane française, qui évoque la situation actuelle du peuple d’une jeune femme, Sylvana, peuplade en plein bouleversement social et identitaire, tout en s’appuyant également sur l’imaginaire et les croyances amérindiennes. Selve fait aussi allusion à la place de l’homme dans son environnement naturel, qu’il a modifié à son bon vouloir. Le spectacle s’inscrit ainsi tout «naturellement » dans le cycle Anthropocène mis en place depuis octobre par Les 2 Scènes, évoquant en particulier cette saison l’autochtonie ainsi que « les différentes manières d’habiter un monde abîmé », comme le souligne la Scène nationale de Besançon. En septembre dernier, Diversions a rencontré Christophe Rulhes, concepteur et metteur en scène de Selve.

Sylvana, l’un des personnages centraux de Selve, habite un village d’Amazonie, Talhuen. Comment l’avez-vous rencontrée ?
Sylvana vit en Guyane, pas sur le littoral, mais en Guyane forestière, dans l’Amazonie. Elle est membre d’un grand clan, les Wayana, des Amérindiens de Guyane française. J’avais lu un ouvrage d’un anthropologue qui parlait beaucoup des Wayana et dans lequel un certain Alma Wala Opoya, une certaine Malulu Opoya participaient aux textes de l’anthropologue. J’avais envie de rencontrer cette famille. Chez nous à Toulouse, où le GdRA est basé, j’ai rencontré un jeune homme qui était allé en pays Wayana, Nicolas Pradal, où il avait fait un documentaire là-bas, avec une jeune femme, amérindienne Wayana. Cette jeune femme s’appelait Sylvana. Je suis parti avec Nicolas et Julien Cassier – chorégraphe, NDLR – au village de Talhuen.

Selve – Photo : Diversions

La question de l’identité, des langues, vous attire depuis quelque temps déjà…
Il y a longtemps que j’avais envie d’écrire sur ces questions : la forêt, les habitants et les habitantes de la forêt… J’avais aussi envie d’écrire sur des questions liées au multiculturalisme, au multilinguisme. Or il y a à peu près en Guyane une vingtaine de langues, dont sept langues amérindiennes. Je viens moi-même d’un pays multilingue, le Sud Ouest de la France, en Occitanie. La première langue de mes parents n’était pas le français. Ce sont toutes ces questions. Comment on vit quand on a plusieurs langues, quand on est dans un territoire où parfois certaines langues sont fragilisées, où certaines cultures sont détruites.

Quel est le rôle de Sylvana dans cette nouvelle création ?
Je lui ai proposé de participer à un projet d’écriture théâtrale, pour faire un portrait d’elle, et même venir jouer avec nous, et elle a accepté. Donc je suis parti à Talhuen la rencontrer. On l’a filmée, elle a raconté sa vie, et ensuite ensemble on a écrit un texte, le texte de Sylvana, qui est une grande partie du texte de Selve.

Hormis ce texte, de quoi est également constituée la pièce ?
L’autre partie du texte de ce dialogue est porté par un autre personnage qui s’appelle Selve, une sorte d’esprit amazonien, un esprit féminin de la forêt, j’en avais l’idée depuis trois, quatre ans, et quand Nicolas m’a dit que la jeune femme qu’il pouvait me faire rencontrer s’appelait Sylvana… Je me suis dit qu’il allait se passer des choses ! Aujourd’hui je suis très fier et très content de cette rencontre, qui donne le petit extrait que vous avez vu, où des témoignages directs de Sylvana interviennent sur des écrans. C’est elle qui dit, qui raconte. Et nous les Palasisi, les métropolitains, les Français, on fait voyager cet esprit-là, on essaie de porter ce qu’elle-même nous a dit.

Selve fait intervenir différentes disciplines artistiques.
C’est une ambiance très pluridisciplinaire comme on aime le faire au GdRA. Il y a du corps, il y a de la musique, il y a du texte, il y a de la mise en scène qui utilise l’image, la vidéo. Et là aussi une série de dessins réalisés par Benoît Bonnemaison-Fitte, qui sont neuf grands dessins tous inspirés par la vie de Sylvana. Il y a aussi sur le plateau des photos d’Hélène Canaud qui est venue avec nous à Talhuen et qui a photographié près de trente personnes que Sylvana nous a indiquées.

– Propos recueillis par Caroline Vo Minh –

Selve, Besançon, Les 2 Scènes (Espace), du 26 au 29 novembre
www.les2scenes.fr

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