Besançon – Guerre aux démolisseurs au Musée du Temps et à la Maison Victor Hugo

 

Victor Hugo fut un homme de combats. L’exposition estivale montée par la Maison Victor Hugo et le Musée du Temps nous le prouvera une nouvelle fois, en s’intéressant à l’engagement de l’écrivain pour la défense du patrimoine.

L’exposition, à suivre à la fois au Musée du Temps et à la Maison natale de Victor Hugo, se tient à l’occasion du dixième anniversaire de l’inscription des fortifications de Vauban sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. Elle s’appuie sur trois écrits de Victor Hugo, Guerre aux démolisseurs !, Notre-Dame de Paris et La Bande noire. C’est au début du XVIIIème siècle que se fait jour l’idée d’une défense patrimoniale, afin de sauver de l’oubli les monuments qui constituent notre histoire. La redécouverte de sites antiques au début du XVe siècle, et les voyages au siècle suivant, qui vont permettre de rapporter des objets archéologiques, favorisent le développement de l’archéologie, de l’histoire de l’art et du goût néo-classique au XVIIIe siècle.

Exposition Guerre aux démolisseurs ! à Besançon

Hubert ROBERT, Les découvertes d’antiques, 1765, contre-épreuve de sanguine © Bibliothèque municipale, Besançon

Les destructions lors de la Révolution française, dans une volonté d’anéantir les références à l’Ancien Régime, déclenchent une prise de conscience : une démarche nouvelle de sélection et de conservation des monuments est engagée. Églises, châteaux, tombeaux royaux et princiers sont fortement dégradés voire détruits. En 1790, le terme « monument historique » est proposé par l’archéologue Aubin-Louis Millin. L’Assemblée crée alors la Commission des Monuments, qui a pour rôle d’inventorier et de protéger le patrimoine monumental et mobilier. Entre 1820 et 1878, les Voyages pittoresques et romantiques dans l’Ancienne France sont publiés par le baron Taylor, Charles Nodier et Alphonse de Cailleux. Cette encyclopédie en 23 volumes témoigne de l’état d’abandon des monuments antiques et médiévaux français. Victor Hugo y fera d’ailleurs référence en tout début de son ouvrage Guerre aux démolisseurs ! (1825-1832). L’écrivain prend fait et cause pour l’architecture nationale ainsi que pour les monuments du Moyen-Âge. Il y évoque de nombreuses destructions de monuments, et interpelle l’État sur la nécessité de faire cesser ces dernières.

La Bande noire, poème écrit en 1823-1824, dénonce la spéculation autour de la revente ou de la réutilisation des matériaux tirés de la destruction des biens nationaux. La Bande noire et Guerre aux démolisseurs ! auront une réelle incidence sur la politique de l’État en matière de conservation. En 1830, le Ministre de l’Intérieur François Guizot crée la fonction d’Inspecteur des monuments historiques. En 1840, une liste des monuments à secourir est établie. Une loi de 1887 sur la conservation des monuments et objets d’art renforce cette protection, avant que la grande loi de 1913 sur les monuments historiques ne permette même à l’État de passer outre le droit de propriété en procédant d’office à des travaux de restauration. Le fameux périmètre de 500 mètres est créé en 1943 pour affirmer la solidarité du monument avec ses abords immédiats.
C’est dans son fameux roman Notre-Dame de Paris en 1831, que Victor Hugo témoigne de son attachement à l’architecture médiévale, contribuant à un regain d’affection pour le style gothique, rejeté aux XVIIe et XVIIIe siècles. Victor Hugo va contribuer à humaniser les monuments. Après le sac du Palais d’Été à Pékin en 1860, l’écrivain est également précurseur de l’idée qu’un patrimoine mondial est à établir. Le 16 novembre 1872 est créée une convention concernant le patrimoine mondial culturel et naturel, publiée à Paris par l’UNESCO, organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture.

Exposition Guerre aux démolisseurs ! à Besançon

Benjamin ROUBAUD, Victor Hugo. Panthéon charivarique, 1841, estampe © Bibliothèque municipale, Besançon

Parallèlement au propos historique, l’exposition présente également, au Musée du Temps et à la Maison Victor Hugo, des œuvres illustrant l’intérêt des artistes contemporains pour le concept de ruine. Ainsi le peintre allemand Wolf Vostell évoque dans ses toiles la désindustrialisation, à l’origine de nouvelles ruines. Quant à Didier Marcel, il traite du glissement entre la ruine et la friche. D’autres artistes, à l’image de Lida Abdul, nous rappellent qu’en ce moment-même, au Moyen-Orient, des exactions sont commises envers les monuments. À la Maison natale de Victor Hugo, les pièces choisies vont dialoguer avec l’architecture du lieu et son parcours. Les médiums seront variés, entre les vitraux de Gérard Collin-Thiébaut, ou encore les gisants de Gérald Colomb au sous-sol, qui évoquent la profanation des tombes des rois dans la Basilique Saint-Denis.

– Dominique Demangeot –

Programme complet des visites et des animations :
www.mdt.besancon.fr

www.besancon.fr/hugo

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