Pour sa quatrième année, le festival Sur Terre, initié par la Scène nationale de Besançon, convie à nouveau plusieurs compagnies dont les propos tentent d’ouvrir de nouvelles voies de réflexion et/ou d’action, autour du climat et de la nature en général.
Avec son « monologue pour enfants non dociles », Céline Schnepf convoque avec Féroce théâtre, danse et acrobatie pour susciter le débat autour de la question climatique, « et l’indispensable besoin de changement qui l’accompagne », précise la compagnie Un château en Espagne. L’art comme un lanceur d’alerte, ou tout au moins le déclencheur d’une prise de conscience. Une volonté à laquelle semblent répondre Joris Mathieu et Nicolas Boudier avec La Germination, sous-titrée avec à-propos D’autres mondes possibles (épisode 1). La réalité augmentée s’invite au plateau pour évoquer différentes directions que pourrait emprunter notre futur, entre transhumanisme, multi-spécisme et cosmopolitisme.
Un monde qui se désagrère – Photo : Cie Le Gazouillis des Eléphants
Et puisque nous vivons dans « un monde qui se désagrège », comme le prétend Léonard Lesage, autant retourner d’où nous venons. À la Grange Huguenet, l’artiste nous invite à une plongée « in situ », au milieu des arbres, entre danse, composition sonore et arts plastiques. L’occasion d’ouvrir grands ses yeux, ses oreilles pour percevoir la nature qui nous environne. « Un Monde qui se Désagrège est comme un miroir tendu aux spectateurs : est-ce là le choix de civilisation que nous sommes en train de faire ? Ou tenterons nous l’aventure d’une fusion plus audacieuse et incertaine ? » s’interroge la cie Le Gazouillis des Éléphants. On continuera à quitter les routes principales avec La Petite Boucle, parcours à vélo que Les 2 Scènes ont concocté avec La Rodia sur la véloroute EuroVélo 6, jalonnée de concerts et autres moments artistiques.
Cette nouvelle ère que les artistes appellent de leurs vœux, le collectif belge Ontroerend Goed lui donne forme dans sa pièce Are we not drawn onward to new erA, réflexion sur les effets du progrès sur la planète, croisant là encore les disciplines entre musique, théâtre, arts plastiques, poésie. Deux autres spectacles, avec leurs titres comme des oxymores, semblent vouloir mêler les inconciliables, trouver une troisième voie. Avec Silence vacarme, Pauline Ringeade, artiste associée aux 2 Scènes, nous invite au jardin où se côtoient en toute harmonie faune et flore, écosystème auquel la comédienne chanteuse et musicienne Claire Rappin donne vie sur le plateau, chants d’oiseaux, souvenirs d’enfance et réflexions sociétales et scientifiques.
« Quand je pense à cet endroit, à ce village et ses alentours, c’est du son qui me vient. L’image est sonore: il y a des voix, des accents, des chants humains et non-humains – le son des insectes, les rivières, les cailloux…», confie cette dernière. Deuxième oxymore : Le Grondement des silences, par Julien Cramillet, escorté d’une violoncelliste, invite une fois encore à l’écoute à travers les arts du cirque, autour d’une grande structure en forme d’arbre au Palais Granvelle. L’artiste travaille autour des vibrations et de leurs résonnances, pour questionner le silence. « Pourquoi le silence va peut-être générer un malaise entre deux personnes, ou au contraire commencer à réfléchir sur nous-mêmes », souligne le circassien.
– Dominique Demangeot –
Festival Sur Terre #4, Besançon, Les 2 Scènes, du 23 au 31 mai
Programme complet : les2scenes.fr