Neuf artistes vous donnent rendez-vous à la Fondation Fernet-Branca. Neuf artistes et autant de regards différents proposés dans cette nouvelle exposition autour du médium photographique. La commissaire de cette exposition collective est Olga Osadtschy, qui est par ailleurs la nouvelle directrice artistique du centre d’art de Saint-Louis. L’occasion pour Diversions de la rencontrer !

Martin Widmer, Photographic-Protocol 22_9, n°13, 2024, tirage jet d’encre sur papier satiné, cadre en bois de cerisier, colle, bois
La photographie comme un révélateur de différents aspects de nos vies, dans une société de plus en plus instable, sujette aux doutes et remises en question. Face à ces Structures en dérive, la photographie s’envisagerait alors comme un outil pour documenter et témoigner de situations qu’elles soient politiques, géologiques (ou géopolitiques), considérations pouvant toucher aussi aux domaines du social et de l’esthétique. Particulièrement présente dans notre quotidien via les réseaux sociaux notamment, la photo est aussi “instrument critique, un terrain d’expérimentation, voire un geste de résistance”, comme le souligne la Fondation Fernet-Branca.
Trois des artistes conviés ont créé des œuvres spécialement pour l’exposition. Mariejon de Jong-Buijs présente à Saint-Louis iExist, projet photographique au long cours débuté en 2016, qu’elle offre pour la première fois au regard du public. Une installation qui donne à voir deux années entières de photographies quotidiennes, accompagnées d’un texte d’Ingrid Periz. En parallèle l’artiste présente aussi une série de peintures inspirées de l’école du paysage néerlandaise, ayant elle-même l’expérience du travail dans des fermes. Martin Widmer, depuis quelques années, élabore des installations incluant des matériaux bruts utilisés dans la photographie (plaques d’aluminium, bois, carton…). L’écriture (sous auto-hypnose) est également constitutive de son travail. Des extraits de sa série Photographic-Protocol côtoieront de nouvelles productions in-situ à la fondation.

Christian Werner, Gifts from the West I – IV (Coca-Cola, Warsaw), 2025, tirage Fine Art sur papier baryté Hahnemühle
Quant à Julian Salinas, il utilise le procédé de camera obscura, démarche volontairement artisanale qui prend le contrepied des technologies numériques actuelles. Un dispositif qui redonnera à la photographie sa dimension physique. Certains artistes aménagent leurs scènes avec une grande rigueur à l’image de Martin Bilinovac, laissant au spectateur le soin d’inventer ses propres histoires, comme dans sa série Gewächshaus (Serre) évoquant la question climatique, la matière verre comme une illustration de la fragilité de nos écosystèmes. Des dialogues peuvent être aussi instaurés entre la photographie et d’autres médiums, à l’instar des images de Janik Bürgin rappelant des toiles peintes, ou Gina Folly qui adjoint à ses clichés des sculptures. Christian Werner, avec sa série Gifts from the West, recherche dans l’espace public des traces de la société de consommation occidentale sur des bâtiments en ex-Europe de l’Est. Ailleurs, il laisse au contraire la parole au hasard et aux accidents de la photographie argentique (Celluloid Secrets).
– Paul Sobrin –
Structures en dérive, Saint-Louis, Fondation Fernet-Branca, du 15 novembre au 1er mars
fondationfernet-branca.org
