Strasbourg – Passage de relais au Théâtre National de Strasbourg

Mardi 30 mai, Stanislas Nordey et Caroline Guiela Nguyen présentaient à la presse la prochaine saison du Théâtre National de Strasbourg. Pour la première fois, deux directeur et directrice se trouvaient au même endroit pour évoquer cette saison de transition « écrite à quatre mains » comme l’a souligné Stanislas Nordey. Le TNS vous donne rendez-vous le 17 juin, Hall Grüber, pour une présentation publique du volet 2023-2024.

Caroline Guiela Nguyen, nouvelle directrice du Théâtre National de Strasbourg – Photo : Manuel Braun

Une saison de transition, dont la première partie a été composée par le directeur sortant, la seconde par la metteuse en scène, ancienne élève du TNS qui vient de reprendre les rênes de la maison. Sa nomination tardive l’a cependant empêchée de monter une saison entière, et son prédécesseur a également précisé qu’il faudrait donc attendre l’automne 2024 afin que les nouvelles actions culturelles se déploient entièrement. Avant de mettre un point final à son aventure de directeur à Strasbourg, seul au plateau avec Évangile de la nature du 13 au 21 décembre, inspiré de Lucrèce et adapté par Christophe Perton, Stanislas Nordey a évoqué ses dernières pièces programmées. On retrouvera en novembre Aurélie Charon, croisée ces dernières années au TNS, comme un trait d’union entre les deux directions. Celle que l’on peut entendre dans l’émission Tous en scène sur France Culture, transpose cette dernière sur les plateaux de théâtre depuis 2013. Radio live – La relève présentera les parcours de jeunes du Rwanda, de Syrie, de Bosnie, à travers différents médiums : vidéos, dessins, témoignages, musique…

Radio Live – La relève – Photo : Radio Live Production

C’est La Tendresse, mis en scène par Julie Berès, qui ouvrira la saison en octobre, « coup de cœur de l’année dernière », précise Stanislas Nordey, la pièce évoquant les questions actuelles autour de la place de l’homme et de la femme dans la société, « les boulets qu’on a et de quoi on se libère ». C’est par deux fois que l’on retrouvera un complice du TNS, Claude Duparfait, d’abord seul en scène dans la dernière mise en scène de Célie Pauthe, adaptation d’un roman autobiographique de Thomas Bernhard, puis figurant à la distribution du Voyage dans l’Est, ultime mise en scène de Stanislas Nordey en tant que directeur. Le texte est une adaptation du roman éponyme de Christine Angot, « réécriture d’un acte vécu dans l’enfance, cette fois-ci avec la distance ». La dernière scène se passera d’ailleurs au TNS, le père de Christine Angot ayant travaillé et vécu à Strasbourg.

Caroline Guiela Nguyen a ensuite présenté les premiers spectacles programmés par ses soins en tant que nouvelle directrice du TNS. En janvier, on pourra découvrir Le Iench, récit du quotidien d’une famille malienne arrivée en France. « Au début de l’écriture Éva Doumbia apprend la mort d’Adama Traoré », explique Caroline Guiela Nguyen, « elle pense à son frère à elle ». Le drame va alors influencer l’écriture de la pièce, qui nous présente une famille hantée par la mort du jeune homme, et la situation d’une jeunesse afro-européenne, prise entre deux cultures. La langue de mon père est un seul en scène qui nous contera une autre histoire d’exil, celui d’une femme turque et kurde. Perdue dans les démarches administratives, elle apprend la langue de son père, le Kurde, qui la replonge dans ses souvenirs d’enfance, renouant des liens avec un père qu’elle connait peu. « Elle ne peut raconter son spectacle sur scène qu’en français », précise Caroline Guiela Nguyen lorsqu’elle évoque l’autrice, metteure en scène et actrice Sultan Ulutas Alopé. « Les langues contiennent des océans de secrets, de tabous ». Si la nouvelle directrice précise que le thème de l’identité n’est surtout pas un fil rouge de la saison, plusieurs cultures vont cependant venir se raconter sur les plateaux du TNS. Venus du Sénégal, de Sierra Leone, du Vietnam, les personnages prennent la parole et repensent leurs origines avec leurs propres mots.

Saïgon – Photo : Christophe Raynaud de Lage

Cette seconde partie de saison nous fera voyager du «rêve normé» d’Eurodisney (La Chanson [reboot] en janvier) à l’univers carcéral (Amours (2) de Joël Pommerat en mars), jusqu’à Saïgon, Caroline Guiela Nguyen redonnant sa pièce à travers laquelle on l’avait découverte à Strasbourg en 2018. La nouvelle directrice présentera également sa mise en scène 2024, du 14 au 18 mai prochains. Lacrima nous transportera dans l’univers de la confection, en compagnie d’ouvriers et d’ouvrières. Un périple, multilingue là encore, qui nous mènera des ateliers de broderie de Mumbai en Inde aux dentelles d’Alençon, en passant par Paris… et Strasbourg ! Car la pièce va aussi « raconter des vies qui vont basculer », comme l’explique la metteuse en scène, l’un des personnages, victime de violences, allant jusqu’à la Cour européenne des droits de l’homme pour réclamer justice.

Dominique Demangeot

tns.fr

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