Red Hot Chili Peppers – The Getaway

ROCK GUIMAUVE

Warner / 2016

Il y a 25 ans sortait l’album qui allait mettre en orbite les Californiens, le fabuleux Blood Sugar Sex Magik, l’album qui aurait fait naitre des vocations chez beaucoup de groupes mais aussi celui qui pèsera à jamais sur le dos de ses créateurs. A tel point que John Frusciante quittera le navire le temps de One Hot Minute, qui même s’il est pour beaucoup la meilleure production des Peppers, est plus le disque d’un supergroupe mixant le savoir-faire des Red Hot et celui de Jane’s Addiction.

The Red Hot Chili Peppers - The GetawayLe retour de Frusciante permettra à Californication de naitre, disque faisant la jonction entre le Red Hot brûlant ancien, et celui plus assagi, se dirigeant sur les voies plus pop de By The  Way et de Stadium Arcadium. Puis Frusciante, l’instabilité incarnée, se barre de nouveau, laissant son poulain Josh Klinghoffer derrière la six cordes pour I’m With You, bien en-dessous de toutes productions des Red Hot jusqu’ici mais qui finalement après l’écoute de la production 2016 semble pas si mal.

En effet, le quatuor de Venice a décidé de se réinventer. Pour cela, exit l’historique Rick Rubin, remplacé aux manettes par Danger Mouse, le mec à la mode, qui peut aussi bien se montrer très créatif (Little Broken Hearts de Norah Jones, Attack And Release des Black Keys) que se mettre en mode autopilote pour compter les biftons tel Gus Van Sant dans Jay & Silent Bob contre-attaquent (exemples : Songs Of Innocence de U2, Turn Blue des Black Keys). Seulement voilà, c’est la deuxième personnalité du bonhomme qui a semblé vouloir s’exprimer sur The Getaway.

On écoute ce disque parce que les RHCP font partie de la bande-son de notre adolescence, mais comme notre petite amie de l’époque, on n’est plus sûr que maintenant elle nous fasse le même effet. Le mojo a définitivement disparu, à se demander si Gras Double n’est pas passé par là. L’album s’ouvre avec le titre éponyme et ses airs disco, avec une certaine laideur apportée par des chœurs de castrat, comme si on avait convié Christophe Willem à l’enregistrement. L’impression générale de The  Getaway est que ça ne décolle jamais, que le minimum est fait en attendant la retraite ou la séparation. Anthony Kiedis se contente de peu, ne se réinvente pas et semble souvent à la limite de la fausse note. Flea semble parfois vouloir lancer la machine, mais son acharnement sur sa quatre cordes ne trouve pas écho, pas même vers Chad Smith qui se dépense plus dans un battle avec Will Ferrell.

Le changement de producteur n’apporte rien. Et quand il daigne enfin se réveiller, il fait du recyclage, en témoigne ces handclaps limite samplés de Broken Bells sur Go Robot ou le solo final de Sick Love emprunté à Auerbach et Carney. Le single Dark Necessities a été vite mis en avant pour nous aguicher. Mais son seul visage attrayant est certainement celui d’Olivia Wilde réalisant le clip. On a du mal à s’emballer. Pourtant, on a parfois l’impression qu’on va conclure, que les préliminaires sont simples et funky… Mais non mais non, mais non mais non non. Quand ça veut décoller, l’afflux de sang est stoppé net et on reste sur notre faim. On a la nostalgie de l’époque de la chaussette quand la Special Secret Song Inside inondait tout, alors que maintenant We Turn Red a plus l’effet d’une douche froide, faute à l’absence d’un refrain emballant, de l’étincelle qui allumerait la flamme. On est à la recherche de ce je-ne-sais-quoi qui nous ferait craquer. On pense le trouver dans le final électrique de la fausse ballade mielleuse Goodbye Angels. Mais on retombe vite quand débute Sick Love. Alors que quand les Red Hot prennent plus de risque et semblent oublier l’idée de passer sur les ondes des radios FM, on aime. En cela, Detroit est peut-être le morceau à sortir du lot. Ils font dans un rock plus lourd, avec un riff de guitare tranchant, certes toujours grand public, mais moins guimauve que ce qui était proposé jusqu’ici. Mais voilà, le coup d’éclat est isolé.

The Getaway, comme toutes les productions des Red Hot, aura mis cinq ans à voir le jour. Mais c’est bien la première fois qu’on s’entendra se demander comment on peut rendre une copie comme ça après autant de temps. Peut-être faudra-t-il réfléchir du côté des Californiens à juste se contenter de leur abonnement au premier rang des matches des Lakers et à laisser ceux qui les ont tant adulés réécouter un des bons vieux classiques qui les ont tant fait vibrer.

 Florian Antunes Gérard Pires

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