Le Musée Gustave Courbet fait une belle place cet hiver au peintre Eugène Delacroix. Le musée départemental s’est associé au musée national Eugène-Delacroix – Établissement Public du musée du Louvre, actuellement fermé pour travaux. Plus de 60 œuvres de Delacroix seront présentées lors de cette nouvelle exposition temporaire. C’est l’occasion de se pencher sur la carrière du créateur de La liberté guidant le peuple, son processus créatif et certaines œuvres méconnues.
Pierre Petit (1832-1909), Portrait de Delacroix au monocle 1862-1863 – Photographie, épreuve sur papier albuminé ; 47 x 31,5 cm – Paris, musée national Eugène-Delacroix, don de la Société des Amis du musée Delacroix – Inv. MD 2002-112 © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Stéphane Maréchalle
L’exposition constituera bien sûr également un dialogue entre les deux maîtres, Delacroix et son hôte Gustave, un état des lieux de leurs rapports (non dénués de dédain respectif !), même si Delacroix saura reconnaître très tôt le talent de son cadet, « un novateur, un révolutionnaire aussi », aurait dit Delacroix en contemplant L’Après-dînée à Ornans de Courbet au Salon de 1849. Quant à Courbet, il a notamment produit une copie de La Barque de Dante… et ne se gênera cependant pas pour critiquer son illustre aîné ! Les deux peintres se seraient rencontrés en 1853. Les musées Delacroix et Courbet sont tous deux des « maisons-musées » (situés dans le dernier appartement et atelier parisien de Delacroix et la maison de jeunesse de Courbet à Ornans), nés respectivement des volontés de Maurice Denis, premier président de la Société des Amis d’Eugène Delacroix, et de Juliette Courbet, sœur de Gustave. L’exposition s’intéressera notamment à la sphère privée d’Eugène Delacroix, évoquée à travers son journal, ses esquisses et ses études qui nous éclairent sur son espace créatif, à l’image d’Étude d’après un des Caprices de Goya.
Nadar (1820-1910), Portrait de Gustave
Courbet Vers 1861 – Épreuve sur papier albuminé ; 23,6 x 19 cm – Ornans, musée départemental Gustave Courbet – Inv. 1976.1.62 © Musée départemental Gustave Courbet / Photo : Pierre Guenat
Une sélection de dessins issus des collections des deux musées illustrera les rapports qu’entretenaient les deux artistes avec la nature, et l’on va suivre Eugène Delacroix dans la forêt, ou au Maroc, des scènes qu’il croquait sur le vif, paysages ou faune comme cette Étude de deux paons, d’un cygne et d’un cheval. Des esquisses qui pourront servir de travaux préparatoires à des toiles, comme pour Courbet dont on pourra découvrir aussi dessins et gravures. Moins connus, sont les travaux de Delacroix en matière de décors, ce « besoin de faire grand qui devient excessif quand une fois on en a goûté », écrira le peintre au baron Rivet, le 15 février 1838, et qui consacrera les trois dernières décennies de sa carrière à des commandes pour des bâtiments religieux ou civils. Là encore, la technique de l’esquisse lui permettra de préparer ces fresques. Des œuvres qui feront écho aux fameux panoramas que l’on peut admirer dans l’atelier ornanais de Courbet.
– Paul Sobrin –
Delacroix s’invite chez Courbet, Ornans, Musée Courbet, du 28 octobre au 4 février
musee-courbet.fr