Montbéliard – Rencontre avec Yannick Marzin, directeur de MA scène nationale

La saison 2021-2022 s’était achevée sur une nouvelle édition des Green Days, qui avaient attiré près de 5000 festivaliers à la Scène nationale du Pays de Montbéliard. MA ouvrira à nouveau ses portes le 24 septembre en compagnie de l’Orchestre Victor Hugo pour une journée découverte de la musique classique. Le directeur de MA, Yannick Marzin, nous parle de la saison dernière, de l’évolution des pratiques du public et bien sûr de cette saison à venir.

Ouverture musicale ! le 24 septembre avec l'Orchestre Victor Hugo Franche-Comté

Ouverture musicale ! le 24 septembre avec l’Orchestre Victor Hugo Franche-Comté – Photo : Diversions

Si la plupart des scènes nationales délaissent le système des abonnements, dès ton arrivée à Montbéliard en 2010 tu avais opté pour un autre système : celui du Pass.
Si on met de côté le Pass étudiant qui est particulier, on a un Pass 5, 10 et 20 (par les numéros il faut entendre le nombre de places que tu prends), donnant 15, 25 et 35 % de réduction. C’est non nominatif, mais en fonction du nombre de places prises, tu dois choisir parmi une sélection d’une quinzaine de spectacles. Si 18 copains veulent aller voir Arthur H, ils ont -35% sur leur billet, mais à côté de ça on va leur demander de reprendre 8 places dans une sélection de spectacles qui nécessite un peu plus d’attention de la part des publics. On réoriente. Mais le Pass peut aussi être utilisé comme un abonnement normal si tu le souhaites.

Comment s’est passé le retour des publics chez MA ? Retour à la normalité ?
Je crois qu’il n’y a pas de retour à la normalité, mais qu’on s’engage dans une période nouvelle qui nous oblige à repenser notre relation au territoire et à la population, dans la médiation et l’offre culturelle. On avait anticipé la crise en baissant la jauge générale. De fait le taux de fréquentation est resté élevé, à 80%. Avec des événements comme l’Ouverture musicale ! (2000 spectateurs) et les Green Days (5000 spectateurs), on a donc eu entre 26 et 27.000 spectateurs, ce qui est une très bonne saison, mais c’est parce qu’on avait anticipé la difficulté des publics à revenir. Et cette difficulté est réelle, on le voit notamment dans l’achat de places. Il y a beaucoup moins d’achats anticipés, à la fois parce qu’il peut toujours y avoir des annulations de spectacles, et puis parce que les personnes peuvent préférer prendre au dernier moment en fonction des vagues épidémiques.

MA conserve le rendez-vous avec l’Orchestre Victor Hugo, événement festif et ouvert à tous.
Oui on refait cela le 24 septembre. Ce sont plus de 20 propositions dans les rues et le parc du Près-la-Rose, et dans le centre-ville. C’est découvrir l’univers symphonique d’une manière ludique, joyeuse et conviviale, et ne pas associer la musique classique à un univers fermé.

Corpus les 4 et 5 octobre – Photo : DR

Les deux premiers spectacles de la programmation MA cet automne sont très différents l’un de l’autre, un peu à l’image de cette saison ?
On pose un principe de dramaturgie au déroulé d’une saison, avec un début qui est vraiment important puisqu’il donne la tonalité. Démarrer par quelque chose de fédérateur comme l’est notre ami Decouflé (Stéréo, le 30 septembre à 20h), et poursuivre avec un travail que nous faisons depuis très longtemps maintenant, qui est d’avoir également des propositions qui déplacent l’habitude et la perception du spectateur. L’artiste catalan Xavier Bobés était venu l’année dernière en présentant un spectacle pour cinq personnes dans les caves du château. Ce qui nous intéresse c’est d’emmener le public vers des formes perceptibles et immersives qui ne soient pas numériques, une immersion différente dans une histoire, dans un univers (Corpus les 4 et 5 octobre à 18h et 20h). Dans une proximité et une intimité avec un créateur. C’est important pour nous de jouer comme tu peux jouer avec une caméra ou des prises de son, lointain/proche. Tu passes d’un programme fédérateur à un programme hyper intimiste. C’est comme faire un échauffement avec le public. Tu le fais passer par différentes matières, différents environnements et univers. Tu peux passer de quelque chose de très joyeux à quelque chose d’intimiste. La première partie de saison jusqu’en décembre est faite de cela. Elle donne la gamme, les couleurs de la programmation.

Stéréo le 30 septembre – Photo : Lahlou Benamirouche

En parlant de tendance, depuis ton arrivée tu invites notamment des artistes venus d’Espagne.
Il y a un tropisme espagnol dans notre programmation en effet, mais de manière générale avec l’international. Plus d’un tiers de notre programmation est une grande fenêtre ouverte sur le plurilinguisme, sur les cultures des autres. Cela me parait vraiment important pour un territoire comme celui-ci qui a été jusqu’à la fin du XVIIIe siècle une enclave allemande, et depuis le XVIe une enclave protestante sur un territoire catholique, de vraiment travailler sur les ouvertures. Une scène nationale peut créer des rencontres, ouvrir des carrefours et des fenêtres. Il se trouve qu’il y a une ligne ibérique cette saison, mais l’année prochaine on a beaucoup de choses italiennes, et toujours beaucoup de choses suisses, belges.

Parlons enfin du nouveau volet en lien avec la création radiophonique, qui a pris un bel essor chez MA ces dernières années…
Comment une scène nationale peut s’emparer, au même titre qu’elle le fait avec les arts numériques et le spectacle vivant, de l’art sonore et radiophonique. C’est quelque chose qui est inscrit aujourd’hui dans nos tablettes, reconnu par nos tutelles et le Ministère de la Culture, et on est en train de travailler à l’expansion de ce projet qu’on a déjà testé, par des résidences de création d’auteurs-réalisateurs, qui donnent lieu à des podcasts notamment. Mais également à des formes que l’on appelle pour l’instant « séances d’écoute », mais le terme ne nous plait pas. C’est-à-dire comment tu viens écouter un enregistrement qui peut être un docu, une fiction ou autre, dans un environnement mis en scène. On aménage un lieu en fonction du contenu et de l’ambiance de la création sonore. Ensuite le public peut parler avec le réalisateur.

– Propos recueillis par Dominique Demangeot –

MA scène nationale, saison 2022-2023 : Ouvertures musicales ! avec l’Orchestre Victor Hugo, 24 septembre à partir de 10h + concert le soir au Théâtre de Montbéliard à 19h : Les chemins de Bohême
mascenenationale.eu

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