Mogwai – As The Love Continues

POST ROCK

Rock Action Records

Mogwai et son public, c’est une histoire (d’amour) qui dure depuis un moment , 25 années post-rock bien sonnées, d’autant que la musique des Écossais, dénuée de la moindre parole, parle d’abord à l’âme.

Mogwai - As The Love Continues - Chronique album

Suite à une intro planante dont Mogwai détient le secret, les guitares explosent après 2 minutes 30, vieille recette dont il est pourtant difficile de se passer, d’autant que les Écossais la maîtrisent à la perfection. Ainsi débute le dixième album du quatuor, sur To The Bin My Friend, Tonight We Vacate Earth. Titre énigmatique, mais charge aux auditeurs d’y projeter leurs humeurs du moment, leurs propres ressentis. Il y a la place pour cela dans la musique de Mogwai. Here We, Here We, Here We Go Forever, avec son beat synthétique rappelant les chemins électro de Rave Tapes, sonne très pop, tandis que Dry Fantasy dont les claviers amènent une couleur très eighties, nous emporte encore ailleurs.

Contre toute attente, Ritchie Sacramento accueille cette fois des paroles, un titre là encore pop et doucement mélancolique, bien dans l’air masqué du temps : « Your own ghost running away with the past ». Les fantômes du passé ressurgissent et l’on a l’impression d’une régularité métronomique de la part de Mogwai, comme si le groupe composait depuis un quart de siècle le même morceau, tout en nous emmenant, à chaque fois, dans des endroits différents. Globalement, les pistes de ce nouvel album sont plus courtes que par le passé, une tendance amorcée il y a quelques années, même si l’équilibre est toujours présent, entre morceaux atmosphériques et d’autres plus mordants à l’image de Ceiling Granny, qui montre même les crocs. À d’autres moments, le groupe dépose délicatement des arrangements pour cordes au creux de nos conduits auditifs (Midnight Flit) ou nous ensorcelle avec un saxophone sur Pat Stains. Notons ici le choix assez radical consistant à fondre littéralement le son cuivré de Colin Stetson (Tom Waits, Arcade Fire, Feist) dans le mix.

Cette fois, la musique de As The Love Continues a été exécutée en Angleterre tandis que la prod était assurée par Dave Fridmann (MGMT, Mercury Rev, The Flaming Lips) de l’autre côté de l’Atlantique, coincé aux USA pour cause de pandémie mondiale. Voici donc le dixième album d’une formation qui prouve que l’on peut remplir des stades sans sacrifier au sempiternel triptyque intro/couplet/refrain (et puis pour finir couplet/refrain/refrain). Quant aux moyens employés, ils n’ont pas bougé non plus, des guitares expressives et concises (vade retro solo !), un basse-batterie sur lequel on peut compter, un clavier qui comble efficacement les vides, et accessoirement quelques enjolivures électroniques. Mais la pâte sonore de Mogwai, elle se travaille d’abord dans ces guitares tour à tour aériennes et plombées, aiguisées et soyeuses. Un grand art que Stuart Braithwaite et ses confrères cultivent au mépris des modes. Chaque titre est une exploration en soi, le saut vers un grand inconnu, un mystère que les musiciens résolvent cependant sans peine la plupart du temps.

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