Josette Coras – Chemins de traverse – Carnets d’une artiste buissonnière

TEXTES CHOISIS

La clé à molette

Les éditions de La clé à molette consacrent un recueil de textes à la dessinatrice, plasticienne et sculptrice Josette Coras (1926-2008), artiste jurassienne qui toute sa vie a également tenu un journal. Des pages « rédigées dans une langue familière et poétique » dans lesquelles Sylvie Roy Lebreton et Dominique Daeschler se sont plongées à la demande des héritiers. Elles en ont retiré des fragments qui nous invitent à suivre l’artiste sur les sentiers de la création et du souvenir.

Josette Coras - Chemins de traverse - Editions La clé à molette - Chronique livre

Josette Coras a habité le logis de l’abbaye de Baume-les-Messieurs durant un demi-siècle, mais la stabilité qu’elle semble avoir trouvée là-bas n’a pas empêché l’artiste d’effectuer très tôt un pas de côté. La petite dernière d’une famille de la bourgeoisie rurale quittera son Jura natal pour aller voir Paris, le Maroc, l’Autriche, avant de revenir sur ses terres où elle sera très impliquée dans la vie culturelle locale. On suit l’artiste lors de ses promenades, à travers la reculée de Baume-les-Messieurs notamment, repérages préalables et indispensables à l’élaboration d’un dessin (« réduire à l’unité mon trop large champ de vision », écrit-elle). Mais les sujets résistent, les paysages ne se révèlent pas en un clin d’œil, comme la pointe peine à entamer le métal lors de la gravure. Le paysage est revêche à celui qui le contemple. L’outil à celui qui l’emploie. Alors l’artiste se laisse guider par le hasard que suscite l’errance, recherche d’un certain lâcher-prise pour « se laisser gagner par les choses et les circonstances », quitte à délaisser ce qu’elle nomme « logique de production ». Seule l’œuvre compte, bien davantage que le « trompe-l’œil », pour la Jurassienne.

« adhérer à la vie, ici et maintenant »

Ces Chemins de traverse sont également l’occasion de découvrir l’écriture de Josette Coras qui est capable de petites fulgurances à l’image, entre autres, de ce « fatras de promesses mal tenues » que sont pour elle les souvenirs. Citons encore sa manière particulière d’embrasser la nature et ses paysages tel Giono dans la Trilogie de Pan. Ici, la montagne de Baume est un « énorme renard roux à la queue basse sur les premières maisons repliées sur leurs feux », là un éperon rocheux apparait comme une « poitrine sèche brandie entre les deux vallées humides ». Une écriture singulière et personnelle, pour Josette Coras qui a parfois la dent dure avec ses contemporains artistes, « Tartarin de Tarascon » et autres « faux explorateurs » de l’art. Il semble en effet que l’une des grandes problématiques qui s’est imposée à l’artiste est celle de l’opposition entre son « personnage domestique » et son « personnage sauvage ». Que pèse l’art face aux contingences, à la vie quotidienne ? Ces quelques textes concis, choisis avec soin, nous donnent quelques pistes sur ce que représente l’engagement artistique. Ce n’est pas vain, surtout en ces temps où l’essentiel ne serait pas dans la culture.

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