Gabriel Perez – Les derniers maîtres

PHILOSOPHIE

Éditions de l’Atelier

Gabriel Perez, professeur de philosophie, syndicaliste et psychologue du travail, publie un recueil évoquant cinq philosophes. Des profils divers (psychanalyste, professeurs de lycée ou de linguistique, directeur de recherche au CNRS…) pour tenter de répondre à cette question : « C’est quoi un philosophe aujourd’hui ? ».

Gabriel Perez - Les derniers maîtres - Chronique par le magazine DiversionsL’auteur, qui fait également partie de l’Institut d’études lévinassiennes, nous présente les parcours de Gilles Hanus, René Lévy, Jean-Claude Milner, Christophe Dejours et Pierre Caye. L’ouvrage se partage entre prises de paroles de chacun et commentaires de Gabriel Perez, invitant à réfléchir sur la manière dont s’élabore une pensée. C’est aux « philosophes de chair et d’os » que s’intéresse l’auteur, et chacun raconte son parcours personnel, à l’image de René Lévy et son enfance baignée dans la Gauche prolétarienne, un milieu révolutionnaire pourtant remis en question, comme lorsque Christophe Dejours revient sur sa volonté de conserver une liberté de penser : « la réalité était plus complexe que les préjugés politiques », confie-t-il. Jean-Claude Milner se souvient quant à lui du Quartier latin de sa jeunesse, fief de « la petite bourgeoisie intellectuelle ». Le terreau d’une certaine pensée révolutionnaire qui serait mise à mal aujourd’hui.

L’Université, sa nature conservatrice et le carcan capitaliste sont également abordés, Gabriel Perez militant pour une « politique du savoir » hors des universités et autres académismes… Gilles Hanus, dans un de ses livres, nous invite à Quitter l’Université sans renoncer au savoir. Une nécessité de créer ses propres cadres de pensée qui est aussi un travail de déconstruction puisque « tout pouvoir écrit sa légende ». Ce passionnant recueil nous interroge enfin sur un monde intellectuel en sursis face à une « gentrification mondialisée », constat d’une perte de sens depuis la fin des années 70 et l’avènement, ici comme ailleurs, du néolibéralisme, « l’être […] engagé dans le flux de la mondialisation universelle, […] voué à son propre épuisement », comme l’écrit Pierre Caye. Au travers des parcours de chacun, l’ouvrage aborde d’autres thématiques comme la psychodynamique du travail, théorisée par Christophe Dejours, ou encore le désengagement de l’État dans le patrimoine et les services publics de manière générale.

Dominique Demangeot

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