Faada Freddy à La Rodia – Une voix, un cœur et des chœurs

Table Will Turn n’est pas qu’une galette parmi d’autres. Les cinq nouvelles pistes du chanteur franco-sénégalais paraissent poursuivre l’album Gospel Journey de 2015 et ont été portées sur la scène de La Rodia à Besançon, ce 17 novembre 2023.
Si parmi les 800 personnes présentes beaucoup étaient là en fans, tout le monde a été époustouflé par l’orchestration sans instruments des acolytes d’Abou (Abou Fatha Seck aka Faada Freddy). Pour le plus, le surprenant « bassiste » qu’il fallait voir pour comprendre que même lui mettait du corps aux chœurs. Des passages étaient a cappella, à commencer par l’entrée en matière où Faada Freddy est enveloppé d’une lumière bleue, sa silhouette esquissant alors le costume de gentleman qu’il portera (chapeau compris) toute la soirée. C’est certain, son ramage se rapporte à son plumage, et sa prestance à sa maestria vocale.
Autour de Faada Freddy, la palette de voix allait de la basse au falsetto. Quant au spectre de sa propre voix principalement équivalente au contre-ténor, il peut basculer dans les aigus, sur un chant linéaire qui atteignait une autre dimension, une montée spirituelle. À chaque ponctuation haut perchée qui se plaçait comme un soupir musical, le chanteur écartait les bras et donnait l’impression d’être en lévitation…. Mais bien que ce concert se soit inscrit dans un projet « en solo » contrairement aux travaux avec son groupe Daara J, Abou n’aurait pu faire le spectacle seul. D’ailleurs si l’on compare les versions de chansons telles que Borom Bi de l’album Gospel Journey, la version jouée en live ce 17 novembre ramenait les chœurs à volume égal de celui de Faada Freddy

Ainsi, la part de cette autre « famille » que Daara J, était le socle d’un concert accessoirement minimaliste…mais accessoirement seulement. Des micros, quelques effets légers pour donner du corps aux corps qui serviraient de percussions. Et ne dérogeons pas aux mantras vantant la musique de Faada Freddy. Lesquels assurent que le chanteur fait de la soul mâtinée de gospel, « avant tout organique ». La performance à La Rodia l’a effectivement démontré. Mais l’artiste a tout de même fait un clin d’œil aux profondeurs de l’Afrique vers la fin du concert avec le morceau Mama Africa qui a emporté la foule dans un sursaut tribal. Il s’est cependant bien agi d’une soirée de chair et d’os car, comme l’a dit Faada Freddy dans un intermède : « On n’est pas des code barres, on n’est pas des numéros ! ». L’essentiel des thèmes proposés impulsait la liberté ou, à plusieurs reprises, exhortait à la paix. Si Daara J a été formateur en lyrics de rap pour Abou, l’artiste intègre des flows hip-hop dans des morceaux personnels. À La Rodia on a même eu droit à un magnifique élan de fast style sur des couplets. Le concert a d’ailleurs pris un tournant rythmique après Little Black Sandals (de l’album Gospel Journey) où toute la dernière partie s’est déroulée dans une énergie effrénée avec un public dansant.

Fred D Rico (textes et photos)

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