La semaine dernière la Fondation François Schneider de Wattwiller inaugurait sa première exposition de la saison, en conviant plusieurs étudiants, mais aussi d’anciens élèves et des artistes enseignants de la Haute école des arts du Rhin. À cette occasion, Diversions a pu s’entretenir avec quelques étudiants dont Camille Grosperrin, dont le travail intitulé Diving Horses, installation murale, était présenté lors de l’exposition Plongeons.
Camille Grosperrin à la Fondation François Schneider, dans le cadre de l’exposition collective Plongeons – Photo : Caroline Vo Minh/Diversions
Ce projet qui se compose d’une série de dessins et de petites céramiques fait sans nul doute écho au thème de l’exposition. C’est aussi un travail dont la source est historique, les « Diving Horses », ou chevaux plongeant en français dans le texte, était une pratique courante à la fin du XIXe siècle aux États-Unis, qui consistait, dans les fêtes foraines, à amener des chevaux en hauteur pour les faire plonger, non sans les avoir préalablement coiffés de jeunes filles en bikini… Une pratique d’un autre âge, peu connue en Europe et qui ferait frémir aujourd’hui les ligues de protection des animaux. Si cette attraction s’est éteinte au cours des années 70, Camille a identifié un vestige de cette pratique, heureusement édulcoré, au sein du Magic Forest Park.
« À l’heure actuelle, il n’y a plus qu’un seul centre de loisirs aux États-Unis dans l’état de New York, qui présente un diving horse », précise Camille Grosperrin, « le dernier qui saute dans des conditions qui n’ont plus rien à voir avec les conditions d’origine. Il saute de trois mètres à peine sans cavalière, dans des conditions hyper sécurisées ». Ce qui a intéressé l’artiste, est moins l’acte de plonger de l’animal et de sa cavalière que cette attraction en fin de vie. « On sent que c’est une pratique qui est sur le point de disparaitre. On est au bord d’une disparition ». Camille s’est beaucoup documentée sur les Diving Horses pour sa série de dessins et de céramiques, consultant notamment la biographie de la cavalière la plus célèbre, Sonora Carver, « une vraie figure mythique aux États-Unis, Walt Disney en a fait un film ».
Si les dessins proposés à la Fondation François Schneider, très travaillés, fourmillent de détails, appuyés parfois d’archives, nous « plongeant » dans l’ambiance étonnante et légèrement surréaliste de cette pratique, Camille Grosperrin n’en est qu’au début de son projet, car elle souhaite en effet poursuivre en allant réaliser un film aux États-Unis pour explorer plus avant les Diving Horses. « Je m’intéressais à ce cheval qui reste tout seul à New York. Je suis rentrée en contact avec les propriétaires du parc pour essayer de négocier afin d’aller filmer, et là c’est vraiment la première étape pour l’accomplissement d’un projet plus grand ». Un projet que Camille décrit à mi-chemin entre le film d’artiste et le documentaire, la jeune femme produisant à la base beaucoup de vidéos. Voilà peut-être la raison pour laquelle la dimension narrative est conséquente dans cette série à voir à Wattwiller, manière de story board préalable à l’œuvre filmée.
Ancienne élève de la HEAR Strasbourg, Camille a obtenu son diplôme en 2012 et travaille depuis quatre ans entre Paris et Strasbourg. Bientôt elle va intégrer un studio dans les Vosges. « En général la HEAR fait suivre tous les appels à projets. C’est un bon moyen de trouver des expositions. Dans tous les cas, ils nous écrivent, on reste connectés ».
Exposition Plongeons, Fondation François Schneider, Wattwiller, du 5 mars au 29 mai 2016
www.fondationfrancoisschneider.org