Epinal – Posada, génie de la gravure au Musée de l’Image

Le Musée de l’Image d’Épinal consacre sa nouvelle exposition temporaire à un artiste graveur mexicain peu connu en France : José Guadalupe Posada (1852-1913). L’exposition évoque le parcours d’un artiste célèbre pour ses œuvres populaires, faisant preuve également d’un grand raffinement en matière de calligraphie et de textures.

Calavera de Don Quichotte _ gravure au burin
éd. Vanegas Arroyo – coll. Mercurio López Casillas, Mexico

Le travail de Posada s’inspire grandement de la tradition, très mexicaine, des calaveras, ces crânes illustrant le Jour des morts, fête centrale dans la culture mexicaine qui réunit les défunts et les vivants, et qui a depuis largement dépassé les frontières de l’Amérique latine. Ce syncrétisme sera un trait marquant du travail de Posada, qui mêlera illustrations de saints, images pieuses et traditions mexicaines. Travaillant dans la presse populaire et l’édition, il illustre l’actualité politique, les faits divers, mais aussi les contes pour enfants, les chansons… Difficile ici de ne pas dresser un parallèle avec les images d’Épinal dont l’âge d’or se situe au XIXe siècle. Posada pratique la gravure au burin sur plomb et la zincographie avec traitement à l’acide, pour créer ses univers tour à tour burlesques et horrifiques. Redécouvert dans les années 1920-1930 par les peintres muralistes au Mexique ainsi que par les Surréalistes en France, Posada se voit gratifié aujourd’hui à Épinal d’une première rétrospective basée sur la collection de Mercurio López Casillas.

La Guerra de Texas – La guerre du Texas – 1899-1901 – chromolithographie – éd. Maucci Frères – coll. Mercurio López Casillas, Mexico

Influencé dans sa jeunesse par le caricaturiste mexicain Constantino Escalante, mais aussi les français Grandville, Daumier notamment, il part en 1872 à León en compagnie de Pedroza pour y fonder un atelier. En 1888, une inondation le contraint à partir pour Mexico avec sa famille. Il y trouve de nombreux collaborateurs, tant dans les revues littéraires, les journaux satiriques… que les livres de cuisine, en passant par l’astrologie, la magie… L’éditeur Antonio Vanegas Arroyo sera l’un de ses commanditaires les plus illustres, pour qui il produira des gravures pleines d’humour voire satiriques, rencontrant un grand succès auprès d’un lectorat populaire. José Guadalupe Posada se distinguera également dans le domaine des contes pour enfants, en plein développement à partir de la seconde moitié du XIXe siècle, un point commun entre la France et le Mexique. Posada adaptera notamment pour les éditions de Vanegas Arroyo des contes de Grimm et de Perrault. Le Musée de l’Image nous parlera en outre de l’influence de son compatriote le graveur Manuel Manilla. On pourra enfin découvrir la Catrina, publiée peu de temps après la disparition de Posada en 1913. Ce dernier y représentait la mort en empruntant les traits d’une garbancera, vendeuse de pois-chiches qui se moque d’une dame de la haute société. Ultime pied de nez de l’artiste à la grande faucheuse.

– Dominique Demangeot –

Posada, génie de la gravure, Épinal, Musée de l’Image, du 5 février au 18 septembre
museedelimage.fr

 

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