Dijon – Delphine et Carole au TDB

Marie Rémond et Caroline Arrouas emboîtent les pas de Delphine Seyrig et Carole Roussopoulos, l’une comédienne, l’autre réalisatrice, qui ont mené un combat féministe dans les années 70 en donnant la parole à leurs sœurs dans des documentaires. L’engagement de Delphine et Carole se poursuit sur le plateau de théâtre.

Photo : Simon Gosselin

En 2019 sortait Delphine et Carole, Insoumuses, documentaire retraçant les combats de la comédienne Delphine Seyrig et de la vidéaste Carole Roussopoulos. Leurs images saisies caméra au poing (grâce à la fameuse Sony Portapak) ont chroniqué les luttes féministes, bénéficiant aujourd’hui d’un montage par la petite-fille de Carole, Callisto Mc Nulty. Le documentaire prend aujourd’hui une nouvelle incarnation dans l’adaptation pour la scène qu’en proposent Marie Rémond et Caroline Arrouas. L’intense période de créativité des années 70 peut en effet être mise en parallèle avec l’activisme féministe d’aujourd’hui, très présent sur les réseaux sociaux notamment, à travers les nouvelles technologies dont la vidéo et les podcasts. Quant aux combats que constituent notamment le droit à l’avortement et les violences faites aux femmes, les actualités récentes nous ont montré qu’ils étaient toujours d’actualité.

Cette adaptation théâtrale a pour objet de « faire revivre ce souffle », comme le soulignent Marie Rémond et Caroline Arrouas, à une époque où la parole féminine est revenue au cœur des débats suite à l’épisode #metoo. « Pour moi, ce qui est important au cinéma, maintenant, c’est que les femmes commencent à parler d’elles », dira Delphine Seyrig, près de cinquante ans avant #metoo. Les deux jeunes femmes souhaitent que résonnent à nouveau l’engagement de Delphine et Carole mais aussi leur fantaisie et leur humour. En s’appuyant sur l’expérience de ces dernières, Marie et Caroline adjoignent leurs propres expériences de femmes de 2022. Les deux époques comme les parcours des quatre femmes vont d’ailleurs s’entrecroiser dans le spectacle qui se déroule dans une « pièce à vivre » (et à travailler) où alternent Delphine et Carole, Marie et Caroline. Les années 70 seront une décennie de tumultes et de révoltes, où l’amitié et l’entraide entre femmes permettront de lutter contre une certaine misogynie encore très présente dans la société.

Dans les mains de Carole Roussopoulos, le Portapak sera tour à tour arme, pour lutter contre une société encore très patriarcale, et chambre d’écho pour donner la parole aux femmes. Dans un objectif d’indépendance, des stages étaient organisés pour leur apprendre à utiliser la caméra portable, et faire leurs propres images. « Dans tous les groupes vidéos, les femmes ont eu une place très importante. Moi mon analyse, c’est que comme il n’y avait pas d’école, et pas de passé et pas d’histoire, les hommes ne s’en étaient pas emparés », dira Carole Roussopoulos. « C’était un média vierge finalement sur lequel les hommes n’avaient pas encore mis leurs pattes et leur pouvoir. » C’est d’ailleurs lors d’un de ces stages menés par Carole que cette dernière va rencontrer Delphine Seyrig, et qu’une belle amitié naîtra sur fond de militantisme.

– Dominique Demangeot –

Delphine et Carole, Théâtre Dijon Bourgogne, du 15 au 19 novembre
tdb-cdn.com

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