Casey Cep – Les Heures furieuses

RÉCIT

Sonatine

Ce pourrait être le compte-rendu d’un procès qui a défrayé la chronique dans le Sud profond des États-Unis dans les années 70. Ou bien encore l’histoire de l’engagement d’un avocat pour les droits civiques en Alabama. Ce pourrait être enfin la manière dont la romancière Harper Lee a tenté, en vain, de couvrir ce procès. Les Heures furieuses, c’est tout cela à la fois, grâce à la virtuosité de la journaliste Casey Cep qui a plongé dans les archives du procès et d’Harper Lee, pour constituer ce récit en trois volets.

Casey Cep - Les Heures furieuses - Sonatine - Chronique du roman

En Alabama, dans la petite ville d’Alexander City, le révérend Willie Maxwell est soupçonné d’avoir assassiné son épouse afin d’encaisser son assurance vie. Mais Tom Radney son avocat parvient à le faire acquitter. D’autres morts suspectes surviennent cependant dans son entourage proche et lors de l’enterrement de sa dernière victime présumée, le révérend est abattu par son frère Robert Burns. Burns choisit alors pour sa défense… le propre avocat de Maxwell. Le scénario peut paraitre quelque peu tiré par les cheveux et pourtant tout est vrai. L’auteure Harper Lee, décelant dans cette affaire « le germe d’un grand roman de true crime », a assisté au procès de Robert Burns, revenant dans son Alabama natal. Elle avait dans l’idée de publier son propre De sang-froid, le best-seller de Truman Capote, son ami d’enfance qu’elle avait d’ailleurs assisté dans l’enquête préparatoire. Mais ce qui aurait dû être le deuxième livre d’Harper Lee, dix-sept ans après le succès de Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur (Prix Pulitzer 1961), ne verra jamais le jour.

Au fond, le procès de Burns reposait sur deux types de primitivisme : la croyance au surnaturel et la foi en une forme de justice personnelle

Casey Cep s’est elle aussi plongée dans les archives des affaires Maxwell et Burns, consultant ouvrages, articles, rapports de police, notes d’enquêtes, autopsies, menant plusieurs entretiens pour reconstituer à la fois le puzzle des deux meurtres, l’histoire du manuscrit perdu d’Harper Lee ainsi que le parcours de l’avocat progressiste « Big Tom » Radney. Passionnée par cette histoire qui en dit long sur nos peurs et nos croyances, Casey Cep ne lésine pas sur les détails et le contexte, se penchant ainsi tour à tour sur l’histoire de l’Alabama qui se modernise au XIXe siècle (à quel prix ?), la tradition vaudou ou encore l’avancée pour les droits civiques. Pour son premier roman de non-fiction, Casey Cep ramène aussi à la vie Harper Lee, tombée dans « l’abîme » de cette enquête et surtout de son écriture qu’elle ne peut mener à terme. Les Heures furieuses relate sa carrière d’écrivain et ses travers, l’alcool, les problèmes avec le fisc, et une célébrité qui finalement la bride dans son travail. Les affres de la création, quand l’écriture devient fardeau.

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