Besançon – Quand l’écho des Assiwa du Togo résonne en Franche-Comté

Après s’être rendu une première fois le 8 février dernier au vernissage de l’exposition photo Autonomie économique des femmes. Un exemple : la coopérative des Assiwas au Togo, Diversions était retourné à la MJC de Palente le 15 février. C’est une Lucile Garbagnati démonstrative que nous avons retrouvée.

Projection du film

La présidente de l’antenne doubiste de l’association Peuples Solidaires – la structure qui a monté l’expo photo -, avait pour auditoire ce jour-là essentiellement un public de jeunes étrangers apprenant le français. Alors un double exercice « masterclass » s’est opéré : expliquer de façon intelligible la démarche de la série de photographies, mais également, à la demande, alterner avec l’anglais. La femme de théâtre qu’est Lucile ne s’est pas carapatée devant le petit défi, loin s’en faut. Le résultat fut réussi. La matinée du dernier « Café du monde » avant les vacances de février aura trouvé son épilogue dans un quizz permettant d’accentuer la focale sur le Togo, avec un moment ludique qui se voulait aussi convivial qu’instructif.

Depuis près de trois ans et demi, le gouvernement togolais est mené par une Première ministre en la personne de Victoire Tomegah Dogbé. Première femme à occuper la fonction dans ce pays, elle a d’abord été ministre du développement, lequel a favorisé l’artisanat. Le volontarisme plutôt progressiste de Mme Dogbé ne peut qu’ouvrir la voie à des collaborations comme celles entre les associations Assiwa. Ce terme signifie « nous les femmes », dans la langue du peuple Akposso qui vit en partie à l’est du Ghana et à l’ouest des Plateaux, région du Togo. C’est par là que ça se passe ! Dans les villages près de la ville d’Atakpamé. Sans transports collectifs, les déplacements se font sur des petites motos (qui circulent parfois avec deux personnes dessus) via des pistes. « Les voitures et les routes sont rares. (…) Nos Africaines, elles, sont de grandes marcheuses même sans être sportives. Et moi je cours, derrière » témoignait Lucile dans sa visite guidée. Tout cela autour de l’activité d’exploitation de la noix de palme, soit à des fins de consommation ménagère avec l’huile rouge, médicales ou encore pour la cosmétique.

Assiwa est donc le nom que se sont donné des associations de femmes dans ces villages pour faire évoluer leurs droits. Car malgré les efforts de Victoire Tomegah Dogbé et la légère supériorité numérique de femmes parmi les habitants, le patriarcat semble continuer de régner sur le Togo. Elles ont pu compter sur l’aide de l’ONG Action Sud qui a permis aux Assiwa de se fédérer en coopérative. « La plupart de ces femmes ne savent ni lire ni écrire, vous voyez le travail intellectuel que cela représente ». Notre hôte précise : « Au Togo, les femmes ont beaucoup de mal à être véritablement autonomes, donc elles doivent demander l’autorisation aux maris ». Pour avoir une crédibilité auprès de l’ensemble de la population, ou d’abord tenir une coopérative gérant de l’argent qui soit reconnue des pouvoirs publics, les Assiwa ne peuvent écarter totalement la gent masculine du projet. Au milieu des 120 femmes, une dizaine d’hommes en font partie et deux d’entre eux occupent un poste au conseil de surveillance quand le bureau, lui, est intégralement féminin.

L’année scolaire 2023/2024 voit une phase de consolidation de la coopérative. Il s’agit de mettre pleinement entre les mains des Assiwa la gestion et l’administration. Il faut aussi trouver les clients pour la noix de palme. La création d’une telle structure entre bien dans les missions de l’ONG togolaise Action Sud. Cette dernière participe du développement rural des villages en tenant compte des droits humains. « Il se trouve que là, ils se sont particulièrement intéressés aux droits des femmes », précise Lucile Garbagnati.

Le second flanc du partenariat est dédié à une correspondance épistolaire et photographique de l’école primaire de Roche-lez-Beaupré (près de Besançon), avec celle de Temedja au Togo. Un échange soutenu par le dispositif des Tandems Solidaires créé par le rectorat, l’Académie de Franche-Comté et la Région. Ce dispositif entraîne les élèves sur les chemins de la citoyenneté avec des projets où ils peuvent participer. Les Tandems Solidaires associent des établissements scolaires à des associations. Ainsi, l’exposition de Peuples Solidaires Doubs montre des lettres et quelques photos de la correspondance. Mais à la MJC de Palente, deux panneaux photographiques ont été conçus par le lycée Ledoux de Besançon, également dans le cadre des Tandems Solidaires. La diffusion de l’exposition se poursuivra dans l’année 2024. Quant au film De Besançon à Atakpamé, il est visible ici : https://youtu.be/G4Twg_uMhUg?si=lzYiktt5tIZAgy1w

Texte et photos : Fred D Rico

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