En mars, l’Orchestre Victor Hugo Franche-Comté accueille à Besançon la soprano Sandrine Piau, et saisit cette occasion pour enregistrer en sa compagnie un nouveau disque de lieder allemands. La formation franc-comtoise nous offrira donc une plongée dans le romantisme, pour ce programme à suivre le 12 mars au Théâtre Ledoux, puis à la fin du mois, le 29, à Dole dans le cadre du festival Pupitres en Liberté (avec cette fois Soanny Fay du côté du chant).
Sandrine Piau – Photo : Sandrine Expilly
Souhaitant depuis longtemps inviter Sandrine en Franche-Comté, Jean-François Verdier lui a finalement proposé un projet de disque. « Sandrine est une chanteuse, musicienne, d’une intelligence, d’une acuité et d’une compréhension de ce qu’elle chante, qui est techniquement sidérante », confie le chef. Le Victor Hugo et la chanteuse vont immortaliser chez Alpha Classics un album reprenant quelques belles pages de Richard Strauss et Alban Berg, que Sandrine n’avait encore jamais enregistrées. « Ce sont des musiques de la plus haute inspiration possible », ajoute Jean-François, « une époque où l’on écrivait de la musique à Vienne d’une façon quasiment surhumaine ».
À Besançon et Dole, on pourra entendre trois compositeurs qui se sont distingué en matière de musique romantique. De Jean Sibelius, on appréciera Spring Song, pièce particulièrement enjouée, fait plutôt rare de la part du compositeur finlandais ! Sa tonalité en Fa majeur célèbre comme il se doit le retour des beaux jours avec une orchestration brillante, une œuvre pour le moins optimiste, promesse de jours meilleurs. Avec sa Valse triste, on retrouve les ambiances mélancoliques auxquelles nous a davantage habitués Sibelius. Musique de scène à l’origine, destinée à accompagner l’action dans la pièce de théâtre écrite par son beau-frère Arvid Järnefelt, Kuolema (mort en finlandais), la partition de la Valse triste s’est bâti une belle réputation, au point d’être désormais régulièrement interprétée seule. Dans la pièce, la mère du protagoniste, sur le point de mourir, danse une dernière valse avec la Mort venue l’emporter, pensant qu’il s’agit de son mari décédé. La valse et son rythme ternaire enjoué ne cachent pas l’atmosphère macabre de cette scène.
Soanny Fay – Photo : Nathan Bleurvacq
Quant aux Sept Lieder de jeunesse d’Alban Berg, la plupart composés pour voix de femme et piano entre 1905 et 1908, ils accompagnent six poèmes de différents auteurs de langue allemande. Le septième lieder sera composé vingt ans plus tard, lorsque Berg reprendra cette série. Ce sont ces versions orchestrales qui seront interprétées par le Victor Hugo aux côtés de Sandrine Piau à Besançon et Soanny Fay à Dole. Des pièces qui sont bien évidemment des odes à l’amour, tour à tour enflammées et nostalgiques, évoquant des sentiments exacerbés et des ambiances nocturnes. Ces lieder expriment majoritairement le bonheur que vit le jeune Berg avec son épouse Hélène. De Richard Strauss, on pourra écouter la suite de valses tirées de son opéra Le Chevalier à la rose, qui nous ramène au temps de la Vienne impériale.
À Besançon, quelques autres pièces seront jouées, à l’image de Morgen, qui naîtra lui aussi d’un sentiment intime. Il s’agit de la dernière chanson d’une série de quatre, composées en 1894 par Richard Strauss, en cadeau de mariage à son épouse la soprano Pauline De Ahna. Le texte a été écrit par John Henry Mackay, poète d’origine écossaise qui a passé son enfance en Allemagne. Là encore, si la chanson fut composée au piano, Strauss l’arrangera pour orchestre à cordes avec violon solo, harpe et trois cors.
– Dominique Demangeot –
Orchestre Victor Hugo Franche-Comté, Les derniers romantiques, Besançon, Théâtre Ledoux (Les 2 Scènes), 12 mars à 20h,
Dole, La Commanderie (festival Pupitres en Liberté), 29 mars à 18h
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