Belfort – Exposition De la nature au mystère à la Donation Jardot jusqu’à fin 2020

Dans le cadre de Patrimoines écrits en Bourgogne Franche-Comté, le Musée d’art moderne – Donation Maurice Jardot propose une exposition mettant en lumière les œuvres de quatre peintres : Beaudin, Léger, Masson et Matisse. Diversions a rencontré Marc Verdure, directeur des Musées et de la Citadelle de Belfort, qui nous présente les quatre artistes.

La thématique choisie par Patrimoines écrits en Bourgogne Franche-Comté est la nature. On la retrouve dans cette exposition.
Maurice Jardot était l’adjoint de Daniel- Henry Kahnweiler, marchand d’art qui a découvert le cubisme, et on pourrait imaginer qu’il aurait gardé cette idée du cubisme dans sa collection. On pourrait aussi dire que le cubisme est quelque chose de froid, presque abstrait et détaché de la nature. Le thème proposé permet de montrer le contraire : les artistes de la galerie Leiris (auparavant galerie Kahnweiler) interrogeaient beaucoup la nature et ne pratiquaient pas le cubisme que de façon étroite et géométrique.

Photo : Philippe Martin – Musées de Belfort

Deux grandes tendances ressortent de cette exposition.
Kahnweiler a écrit plusieurs ouvrages assez fondateurs sur l’art contemporain de son temps, qui est aujourd’hui l’art moderne, et il a notamment dégagé deux tendances qui structurent l’histoire de l’art : les romantiques et les classiques. Dans la partie des romantiques, il va classer ceux qui font passer le sentiment avant la forme, faisant passer leurs émotions avant ce qu’ils voient. Les romantiques incluent par exemple les artistes comme Matisse ou Masson qui recherchent le mystère au fond de la nature, ont tendance à interroger leurs cauchemars, leurs rêves.

Les toiles de Fernand Léger sont réputées difficiles d’accès.
Les œuvres de la collection Maurice Jardot sont abstraites, et Maurice Jardot a fait ce choix parce que cela reflétait aussi un peu son caractère : très analytique, un peu distant et c’est intéressant de voir l’écho que Fernand Léger pouvait recevoir de la part de Maurice Jardot. Quand Fernand Léger se promène dans la nature, il va s’intéresser à un détail très particulier et en faire des dessins, des esquisses, des peintures, il va l’isoler de son contexte : ça peut être un fragment de silex, un fragment d’écorce, des objets industriels…  

Patrimoines écrits en Bourgogne Franche-Comté 2020

André Beaudin est quant à lui assez méconnu.
Il pratique un art d’équilibre dans les formes, dans l’harmonie des couleurs. Il décompose considérablement le réel, s’en affranchit assez facilement dans le sens où on ne devine pas à première vue ce qui est représenté. Mais André Beaudin pratique un art très doux, recherche surtout l’équilibre des formes. L’œil suit des lignes droites et navigue à travers le tableau de façon très calme et poétique.

Dans la thématique des romantiques, on pourrait aussi placer Matisse…
Matisse ne faisait pas partie de la galerie Kahnweiler, mais pourtant Maurice Jardot avait dans sa collection quelques œuvres et notamment le livre d’artiste Jazz. Quand Matisse le commence, il a une grave maladie et pense qu’il va mourir. Puis il subit une opération qui se passe bien, il va mieux et peut retravailler et pour lui c’est une vraie résurrection. Dans Jazz, Matisse exprime des émotions très diverses et souvent joyeuses. Il est très âgé et se souvient notamment de ses voyages du début du XXe siècle à Tahiti en Polynésie. Il utilise avec abondance le thème du corail, de la palme, de l’algue. Ces souvenirs sont pour lui l’évocation du paradis.

Propos recueillis par Caroline Vo Minh

La nature, de l’objet au mystère : Beaudin, Léger, Masson et Matisse, Belfort, Musée d’art moderne – Donation Maurice Jardot, jusqu’à fin 2020
musees.belfort.fr

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