Beabadoobee – Fake It Flowers

POP ROCK INDIE

Dirty Hit Records/Caroline

Beatrice Kristi est une jeune fille bien dans son époque. Adepte d’Instagram, adulée sur Tik Tok depuis son premier titre/premier hit Coffee il y a trois ans, on croise sur la toile, au jour le jour, la chanteuse londonienne, au fil de ses pérégrinations qui sont loin de n’être que virtuelles. C’est en effet guitare à la main et face à un micro qu’elle s’accomplit pleinement. Beatrice, née dans les premiers mois du XXIe siècle, se fait appeler Beabadoobee lorsqu’il s’agit de faire de la musique, armée de guitares estampillées nineties.

Beabadoobee - Fake It Flowers - Chronique album

Après un premier EP 7 titres remarqué en 2017, consécutif à une signature dans un label indépendant qui compte, Dirty Hit Records, puis les 5 morceaux de Space Cadet l’an dernier, la jeune artiste passe cette fois au format album avec la même aisance. Son talent de compositrice et de parolière, traitant notamment de sujets en lien avec la condition féminine aujourd’hui, s’épanouit sur des titres mordants tel Dye It Red, nébuleux comme Back To Mars, ou les deux à la fois (Charlie Brown). Beatrice Kristi a des références et ça s’entend. Elle a même enregistré son premier 4 titres… sur une bonne vieille cassette. Mais contrairement à d’autres star(lettes) de la musique actuelle qui se complaisent dans des environnements par trop digitaux, au risque d’une certaine uniformisation, ici ce sont les guitares qui priment.

Des guitares toujours arrangées avec efficacité comme sur Emo Song, ou comme sur ce quasi guitare-voix, Sorry, avec en fond sonore quelques larsens bien sentis, quelques cordes pour la forme avec une explosion sonore tout aussi maîtrisée. C’est là que le métier de l’ex-batteur de The Vaccines, Pete Robertson, et de l’Irlandais Joseph Rodgers, se fait sentir. Fake It Flowers joue à fond la carte de l’efficacité sans jamais paraître surproduit, comme avec le bouillonnant Yoshimi, Forest, Magdalene, que n’auraient pas renié les sorciers de Sonic Youth. Beabadoobee pousse le (joli) vice jusqu’à proposer une version très brute de son titre How Was Your Day ?, d’une voix qui rappelle la suavité d’Ambrosia Parsley (Shivaree) ou Nina Persson (The Cardigans), ces timbres féminins qui nous avaient si bien escortés dans les années 90, mais qui n’hésitaient pas non plus à sortir les guitares saturées lorsqu’il le fallait. Further Away, Horen Sarrison avancent des cordes tendance The Corrs (on pourrait d’ailleurs citer également Andrea Corr en termes de voix sucrée). Les études de violon classique de Beatrice ont sûrement laissé quelques traces. On ne s’ennuie pas une seconde sur Fake It Flowers, tout au long de ces douze nouveaux titres à la ligne artistique qui oscille entre pop, garage, grunge, le tout enrobé de jolis oripeaux mélodiques… L’artiste a assimilé toutes ces influences et les présente aujourd’hui sur ce qui pourrait bien être la bande son indie rock de 2020. On l’a tellement dit des dizaines de fois ces dernières années que l’on va bien finir par y croire. Le rock n’est pas mort.

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