Autun – La Biennale se poursuit jusqu’au 10 août

La Biennale d’Autun entre déjà dans sa dernière semaine et à cette occasion, revenons sur quelques artistes présents jusqu’au 10 août prochain (liste non exhaustive). Une invitation à parcourir les rues de la cité bourguignonne et ses lieux patrimoniaux, investis par des artistes venus de France et d’ailleurs. Au programme une grande variété de techniques : peinture, sculpture, dessin, vidéo pour explorer différentes facettes de la spiritualité aujourd’hui.

Et la biennale 2025 est une fois encore cosmopolite ! Michael Bastow nous vient de Grande-Bretagne. Passée son installation de portraits peints de femmes chinoises (une vingtaine est à voir à Autun sur la centaine créée par l’artiste), on découvre au fond du Cellier du Chapitre trois triptyques dont une œuvre autour des sept étapes de la vie d’une femme, une déposition de croix qui n’est pas celle du christ mais “d’une mère qui – à la manière de Marie – recueille le corps de sa fille morte”, expliquait Jérôme Lequime lors de l’inauguration le 18 juillet dernier.  Le commissaire de la biennale a découvert cette œuvre dans la chapelle que l’artiste possède à Malaucène au pied du Mont Ventoux. 

Triptyque d’Hubert de Chalvron

Jehanne d’Atam Rasho

 

Atam Rasho lui, a colorisé puis animé ses dessins pour rendre hommage à la poétesse Christine de Pizan (1365-1431), considérée par certains comme la première féministe de l’Europe moderne. Cette œuvre de 17 minutes à voir et écouter au Cellier du Chapitre, est parcourue par les mots (« les dits ») de Jeanne d’Arc, tour à tour en français et en vieux françois. “C’était une noble poétesse qui s’était retirée dans un cloître”, explique Atam Rasho. “Quand elle a entendu parler de l’épopée de Jeanne, elle a décidé de sortir de son cloître et d’écrire son ultime chef d’œuvre”. L’artiste a souhaité se positionner “entre gravure et graphisme, proche de la miniature médiévale.”

Lors de la Biennale d’Autun, les artistes entrent en dialogue avec les spiritualités du monde. C’est ainsi dans l’ultime vestige de la cathédrale Saint-Nazaire, la chapelle Saint-Aubin qui abrita jadis la maîtrise, que Katayoun Rouhi présente ces chanteurs hors pairs que sont les oiseaux. On peut aussi retrouver son travail au Muséum d’histoire naturelle. L’artiste iranienne s’est inspirée du conte médiéval perse La conférence des oiseaux, voyage initiatique à travers sept vallées. Les volatiles partirent quelques centaines et n’arrivèrent que trente… “Au bout du compte” (du conte ?), souligne Jérôme Lequime , “il s’agit de trouver une sorte de divinité. Et par un effet de miroir, comme souvent dans les contes initiatiques, la propre divinité est intérieure. Ce que rencontrent les trente oiseaux qui parviennent après ce long voyage initiatique, ce n’est jamais que soi-même, la quête de soi ».
Chacun trouve sa lumière là où il le souhaite, pour faire référence au titre d’une pièce ancienne d’Elaine M Goodwin, Meeting The Light, mosaïque à découvrir au Cellier du Chapitre qui s’inspire de la péninsule de Cornwall en Angleterre, où convergent les lumières du nord et du sud. D’autres pièces de l’artiste sont présentées à l’évêché.

Écorce de pierre (détail) de Pascal Convert

Parcourir les rues d’Autun durant la biennale, c’est aussi découvrir son riche patrimoine. Apprendre que la chapelle Saint-Antoine fut la maison de retraite des prêtres du diocèse (avant d’être reconvertie en résidence sénior privée). C’est là-bas que l’on peut admirer les danses macabres orchestrées par Hubert de Chalvron, pour conjurer la mort à travers une palette de couleurs vives. En collaboration avec le musée du Hiéron et sa conservatrice Maud Siron, la Biennale d’Autun présente également dans le musée lapidaire une œuvre de Pascal Convert, Écorce de Pierre faisant écho aux stèles funéraires installées dans le jardin. L’artiste a réalisé une empreinte par frottage au graphite, pour préserver le souvenir des croix chrétiennes détruites dans les cimetières arméniens d’Azerbaïdjan. 

Bill Viola, précurseur de l’art vidéo dans les années 1960 aux États-Unis, est présent lors de cette Biennale 2025 au temple de l’église réformée d’Autun. Les organisateurs ont réfléchi avec l’épouse de l’artiste décédé en 2024 aux œuvres à présenter, et très vite a surgi l’idée de mettre en regard deux vidéos silencieuses, durant chacune un peu plus d’un quart d’heure et invitant à la contemplation. Voilà bien un terme qui sied à merveille à la manifestation, où il faut prendre le temps de déambuler en différents lieux de la ville d’Autun. Jérôme Lequime rappelait d’ailleurs la question centrale de la durée dans l’œuvre du vidéaste américain, “rester là dans un moment très contemplatif, de silence, très recueilli.” Rappelons d‘ailleurs que pour prendre son temps, un pass 20 jours est proposé, donnant avec accès à tous les lieux (y compris la salle capitulaire) et tous les spectacles.

Photographies de Catherine de Clippel aux Anciennes Tanneries

L’introspection n’interdit pas, bien au contraire, d’aller aussi vers l’autre, à l’instar de nombreux artistes de cette édition. Si certains créent leurs œuvres à partir de leur propre héritage culturel, à l’image du Sénégalais Omar Ba, Catherine de Clippel a quant à elle longtemps travaillé en Afrique. Une partie de ses photographies présentées à Autun porte sur les rites et rituels initiatiques, l’autre autour du vaudou. La présentation circulaire des images dans les Anciennes Tanneries invite à la communion, à rejoindre la communauté vaudou pour s’initier à cette culture. Si Jérôme Zonder n’était pas présent lors de l’inauguration le 18 juillet, il est resté quatre jours à Autun pour installer son dispositif des 17 cases nous contant l’histoire d’un petit hamster. Une installation à découvrir sur le sol, qui s’adressera tant aux enfants qu’au spectateur adulte avec différents niveaux de lecture. L’artiste a souhaité y adjoindre douze toiles et dessins, des “blessés” comme les nomme Jérôme Zonder, allusion aux estropiés de la Première guerre mondiale. Des œuvres inspirées par des photographies retravaillées de victimes des attentats de 2015. “Une sorte de légèreté et en même temps de gravité qui donne évidemment à ce dispositif quelque chose de très singulier”, a précisé Jérôme Lequime. 

5e Biennale d’Autun, du 18 juillet au 10 août, Autun, divers lieux
www.biennale-autun.com

 

art contemporain, Autun, biennale, bourgogne, expositions

Powered by WordPress. Designed by Woo Themes

WordPress SEO fine-tune by Meta SEO Pack from Poradnik Webmastera