Airelle Besson – Try !

JAZZ

Papillon Jaune / L’Autre Distribution

Try ! est bien plus qu’un coup d’essai pour Airelle Besson, d’autant que ce nouvel album fait suite à Radio One, publié il y a cinq ans déjà. Il faut dire que la trompettiste a été très sollicitée ces dernières années, et l’on a pu l’entendre notamment aux côtés de Lionel Suarez, Vincent Segal. Dernièrement, elle était invitée sur le bel album de l’Ensemble Contraste et de Rosemary Standley, Schubert In Love (voir notre chronique). Mais ici c’est bien la musicienne qui est aux manettes, revenant avec la même solide équipe que pour Radio One.

C’est par une trilogie que débute ce deuxième opus avec, aux côtés d’Airelle, la chanteuse suédoise Isabel Sörling, les deux artistes escortées par la batterie aérienne de Fabrice Moreau et les piano/claviers de Benjamin Moussay. Un quatuor donc, pour nous servir sur un plateau d’argent ces onze tableaux sonores composés par la trompettiste/bugliste. Cette dernière n’est pas seulement la soliste que l’on connaît, Victoire Jazz catégorie Révélation en 2015, mais aussi une arrangeuse hors pair. Sur The Sound Of Your Voice, le délicat adagio d’introduction est suivi d’un deuxième mouvement plus nerveux, Benjamin Moussay enfourchant son Fender Rhodes, avant qu’Isabel Sörling, pour le moins habitée (voir son album paru en mai dernier, Mareld), ne rejoigne le trio pour une dernière partie assagie et là encore très mélodique.

Wild Animals est davantage libre dans la structure, la trompettiste et ses acolytes tirant le meilleur parti des silences sur ce titre au rythme heurté, laissant respirer les compositions (une constante sur l’album) et confirmant la fluidité des interactions entre les quatre interprètes, leur écoute de tous les instants. Plus loin, les musiciens retrouveront l’apesanteur autour d’Uranus et Pluton, longue digression cosmique, ouatée, où là encore trompette et voix s’en donnent à c(h)œur joie. Sur cet album enregistré en ce maudit été 2020 au studio La Buissonne, le fil rouge (ou plutôt cuivré), c’est bien le timbre chaleureux de la trompette d’Airelle Besson, un fil d’Ariane qui frémit mais ne rompt pas, et plane aux côtés de la voix d’Isabel Sörling (teintant son chant de discrets effets), les deux souffles partageant parfois la mélodie note à note.

Try ! est un album versatile, à l’image d’Angel’s Dance, clavier et batterie se complétant à la perfection, avec notamment une belle partie de Fender Rhodes par Benjamin Moussay. Citons encore l’ambiance inquiétante que ce dernier contribue à installer sur Fly Away, au moyen de quelques accords de piano serpentant parmi les explosions de charley et la voix d’Isabel, ici poussée dans ses derniers retranchements. On ressent aussi cette urgence sur le subtil Après la neige, hommage à la collaboration d’Airelle Besson avec le guitariste brésilien Nelson Veras (Neige, sur l’album Prélude en 2014), le tempo alternant tensions et relâchements, longue plage contrastée représentant bien ce deuxième album. Il faut dire que depuis Radio One, les compositions d’Airelle Besson semblent avoir détaché quelques amarres, visitant souvent les hautes sphères, une douce dérive entre jazz et musique contemporaine.

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