Fin août, l’artiste électro Zerolex et ses deux acolytes (Côme Rothe au saxophone et Claudio Ibarra à la contrebasse) partiront en tournée dans quatre lieux atypiques de l’Aire urbaine. Ils seront accompagnés de musiciens de l’École Supérieure de Musique de Bourgogne Franche-Comté. Baptisé Zerolex Ensemble, le projet vise à montrer une autre facette des compositions du producteur bisontin, en version orchestrale. Un mix entre musiques actuelles et classique.
Tu as sorti en mai dernier un deux titres (Le Temple/Le Nectar) où tu accueilles deux instrumentistes, que l’on retrouve dans le projet de fin août. Est-ce la base du projet Zerolex Ensemble ? C’est ce qui t’a donné envie de travailler avec des instrumentistes ?
Pour commencer, il faut bien comprendre que mon projet solo « Zerolex » a pris la forme d’un trio depuis 2019. Le disque Touché-Coulé avec sax et contrebasse était un premier coup d’essai et le deux titres auquel tu fais allusion est venu confirmer ce souhait d’avancer à trois.
Ensuite, début 2021, le Moloco et la Poudrière nous ont contactés pour nous proposer de travailler avec un arrangeur et adapter notre répertoire avec des musiciens de l’ESM (l’École Supérieure de Musique de Bourgogne Franche-Comté), installés à Dijon. L’idée étant de proposer une création qui mêle musiques actuelles et musique classique, petite tournée à la clé.
C’est un projet que j’ai longtemps fantasmé et qui est tombé du ciel en pleine période covid : nous nous sommes donc engagés sans aucune hésitation et avec beaucoup d’excitation. On a décidé d’appeler ça «Zerolex Ensemble ».
Comment se passe le travail des arrangements ?
Nous avons travaillé avec Laurent Jacquier qui est arrangeur. Le Moloco & La Poudrière avaient déjà collaboré avec lui et nous leur avons fait confiance sur ce choix. Il faut dire que l’arrangeur est un acteur de l’ombre, qui n’est pas sur scène mais qui a sans doute le rôle le plus important dans cette création. Son rôle a été d’imaginer, à partir de notre répertoire, quelles seraient les partitions des musiciens « additionnels » et de venir intégrer cette couleur « classique » à nos morceaux.
Nous avons échangé à distance avec lui pour décider de la direction artistique, soumettre nos idées, faire part de nos remarques, trouver des compromis. C’était très enrichissant.
Les tonalités des morceaux originaux sont-elles respectées ou vas-tu également de ton côté revoir des choses, modifier des mélodies ?
Il y a plusieurs cas de figure.
Les structures de certains morceaux sont restées intactes et les musiciens viennent compléter les parties déjà existantes avec des nouvelles, composées par l’arrangeur. C’est le cas des morceaux plutôt épurés, où il y a vraiment de la place pour que tout le monde s’exprime.
Ensuite, il y a des morceaux sur lesquels il fallait revenir et se dire : ici, les cordes vont remplacer ces synthétiseurs… Là, on va enlever les voix initiales… Là, on va s’amuser à revenir sur la rythmique pour proposer une version différente de la version studio, etc.
Il y aura aussi quelques surprises : un nouveau morceau créé pour l’occasion, un inédit, des œuvres interprétées uniquement par les musiciens de l’ESM.
Tu as pu déjà entendre des choses ? Quelques premiers arrangements ? Si oui quelles ont été tes premières impressions ?
Pour avoir une idée du rendu, l’arrangeur mettait à notre disposition des simulations audio.
Même en étant conscients qu’il s’agissait d’instruments virtuels, dont le rendu n’est pas forcément très avantageux, nous avons été très vite séduits. On redécouvre les morceaux à travers un prisme à la fois totalement différent mais finalement très cohérent.
Depuis quelques années, mon projet tend vers des directions plus mélodiques, plus harmonieuses, avec des chœurs également. Tout ça prend encore plus de sens avec les arrangements.
L’aspect « musique classique » apporté par le choix des instruments additionnels et des arrangements apporte tout de suite un cachet très cinématographique, qui vient renforcer les directions parfois épiques ou
« romantiques » de notre répertoire.
Il y aura des cordes, des cuivres, des percussions, du chant… On dépasse largement le trio ! Y’a-t-il déjà eu un travail préparatoire, en amont des répétitions de ces prochains jours ?
Dix sur scène au total, oui ! Je ressens comme une légère pression depuis quelques semaines, pour ne rien te cacher (ha ha ha) !
Pour l’instant, nous avons rencontré les musiciens de l’ESM à une seule reprise afin qu’ils puissent déchiffrer les partitions et que l’on puisse répéter ensemble une première fois.
Nous allons nous retrouver pour deux jours de travail à la Poudrière, juste avant de partir sur les dates. Cette semaine entière avec l’équipe va nous permettre de nouer des liens également, et c’est aussi pour ça, je pense, que l’on a choisi de faire de la musique nos métiers. Nous l’avions presque oublié avec ces deux dernières années calamiteuses.
Du côté des percussions, on nous promet du vibraphone, qui aura donc plutôt un rôle mélodique. On imagine que de ton côté tu vas notamment gérer une grosse partie des beats et de la rythmique de manière générale…
Le choix du vibraphone nous a été suggéré par l’arrangeur car c’est un instrument qui fonctionne très bien avec le saxophone.
De mon côté, les machines que j’utilise me permettent de jongler entre différents sons que j’ai préalablement modulés et enregistrés. Je ne suis donc pas bloqué uniquement sur la rythmique même si elle occupe une partie importante.
Tu vas faire la tournée des forts, ce sont des lieux particuliers. Est-ce que tu réfléchis également à une scénographie spécifique pour cette création ? Une déco particulière ?
Ce sont des lieux particuliers, en effet. Cette tournée, c’est aussi l’occasion de mettre en avant ce patrimoine militaire, qui n’est pas forcément bien connu. Pour ma part, je ne connaissais que la Citadelle de Belfort où j’avais eu l’occasion de jouer il y a quelques années.
Il n’y aura pas de scénographie spécifique : nous devons nous adapter à chaque lieu, qui sont tous très différents : à Giromagny par exemple, nous jouerons en arc de cercle, quasiment autour des gens. À Héricourt, nous serons sans doute plus à l’étroit et à Bavans, en intérieur. Ça sera un peu la surprise pour nous aussi.
Finalement, ce sont les forts qui nous offrent la scénographie et des cadres uniques.
Propos recueillis par Dominique Demangeot
Zerolex Ensemble et des musiciens de l’ESM, Giromagny, Fort Dorsner, 26 août à 20h, 27 août à 20h, Citadelle de Belfort, 28 août à 20h, Bavans, Fort du Mont Bart, 29 août à 17h, Héricourt, Fort du Mont Vaudois
https://poudriere.com/evenement/zerolex-ensemble/
https://www.lemoloco.com/agenda/zerolex-ensemble-giromagny/