Direction Chevigny-Saint-Sauveur et son Polygone en janvier pour aller écouter l’Orchestre Dijon Bourgogne qui se mettra sur son 31, dans un programme qui se veut festif avec quelques grands tubes du classique, que tout un chacun reconnaîtra, mais aussi des moments de découverte avec deux œuvres de compositrices oubliées de l’histoire de la musique.
Au programme, Félix Mendelssohn et Le Songe d’une nuit d’été, que l’on avait déjà pu écouter lors du premier concert de la saison, le 14 septembre dernier à la Saline royale d’Arc-et-Senans. La formation dirigée par Joseph Bastian retrouve son fief de Bourgogne à l’occasion de ce concert de Nouvel An et en particulier ce vibrant hommage à la pièce de Shakespeare. Restée célèbre pour sa fameuse marche nuptiale, presque incontournable dans les mariages, l’œuvre recèle pourtant bien d’autres grands moments. « Elle nous emmène aussi dans des paysages beaucoup plus sombres », précise le chef principal de l’ODB, « comme dans l’intermezzo très passionné. » En 1826, Félix Mendelssohn a 17 ans lorsqu’il compose en un mois une ouverture inspirée de la pièce de Shakespeare, lui qui a l‘habitude de jouer les pièces du dramaturge anglais avec son frère et ses sœurs. Dix-sept ans plus tard, Félix Mendelssohn ajoutera une musique de scène à la demande du roi de Prusse, pour produire une œuvre romantique par excellence, inspirée de l’univers féérique de la pièce, entre rêve et réalité.
Nouvel An oblige, l’Orchestre Dijon Bourgogne ajoutera à son menu de fête le Galop infernal extrait d’Orphée aux Enfers d’Offenbach. Des airs de French Cancan pour fêter la nouvelle année, une mélodie archi célèbre qui vous transportera dans le Paris des années 1820 ! Et pour faire bonne mesure, Joseph Bastian a souhaité adjoindre, d’un autre Josef (Strauss), une polka et une valse.
Ces trois œuvres s’inscrivent dans l’esprit festif d’un concert de Nouvel An, mais l’ODB va également rendre hommage à la création féminine, un fil rouge de sa saison, et à Chevigny-Saint-Sauveur, on pourra entendre (et probablement découvrir) Amy Marcy Beach et son Bal masqué, op. 22, ainsi que Augusta Holmès avec La Nuit et l’Amour. Dans la deuxième moitié du XIXe siècle, les femmes faisant carrière dans la musique classique sont peu nombreuses, et si Amy Beach, née en 1867, a été oubliée au fil du temps, elle mena pourtant une brillante carrière de compositrice et de pianiste, également co-fondatrice de la société américaine des compositrices. Elle fut aussi l’une des actrices de la naissance d’une véritable musique classique américaine, qui s’est affranchie de l’influence écrasante de l‘Europe. Quant à La Nuit et l’Amour, la compositrice française Augusta Holmès en a trouvé l’inspiration dans le tableau homonyme du peintre Pierre Puvis de Chavannes, interlude extrait de l’ode symphonie Ludus pro patria (1888). Dans cet interlude symphonique, lyrique et romantique, la filiation wagnérienne est évidente. Augusta Holmès sera la première compositrice à voir l’une de ses pièces lyriques jouées à l’Opéra de Paris.
– Dominique Demangeot –
Orchestre Dijon Bourgogne, Concert de Nouvel An, Chevigny-Saint-Sauveur, Le Polygone, 10 janvier à 19h
orchestredijonbourgogne.fr


