La rétro musicale 2016 de Diversions

Étrange année que celle qui vient de s’écouler. Elle a eu la lourde tâche de suivre une fin d’exercice 2015 douloureuse et on comptait se retrancher sur des choses plus légères comme la musique pour reprendre du poil de la bête. Malheureusement, la sphère musicale a été victime d’une véritable hécatombe d’artistes phare, une spirale infernale qu’on espère voir prendre fin au soir du 31 décembre. En attendant et en serrant les dents, faisons un petit retour sur ce qu’il fallait absolument écouter en 2016.

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Si on a pleuré la perte de deux artistes sublimes et essentiels, il est incroyable de voir comment David Bowie et Leonard Cohen ont orchestré leur sortie de scène. Ils ont quitté ce monde en offrant respectivement Black Star et You Want It Darker, deux albums sombres et douloureux mais qui sont les testaments parfaits de deux musiciens qui ont écrit chacun des œuvres qui traverseront le temps et les générations.

Dinosaur Jr - Give A Glimpse Of What Yer NotDe générations, on peut parler de celle dorée de l’indie américain qui a encore délivré de sublime réalisation. En premier lieu, la voix d’Angel Olsen (MyWoman / Jagjaguwar) a su à la fois nous envouter pour mieux nous puncher, alors que Kevin Morby (Singing Saw /Dead Oceans) trace un formidable sillon dans une mouvance folk dont Damien Jurado a encore une fois repoussé les limites toujours en compagnie de Richard Swift, y injectant une grosse dose de psychédélisme avec Visions Of Us On The Land (Secretly Canadian). En parlant de psychédélisme, il est impossible de ne pas citer non plus Heron Oblivion (Sub Pop) qui a monté très haut le volume avec un premier album éponyme construit comme un mur du son. Le volume, il semble que Dinosaur Jr ne sache toujours pas comment le baisser. Le groupe de J Mascis reste plus que jamais un des porte-drapeaux du bon vieux rock des nineties (Give a Glimpse To WhatYer Not / Jagjaguwar). Autres survivants de l’époque, les éternellement jeunes Nada Surf qui en plus de livrer avec You Know Who You Are (City Slang) leur meilleur album depuis The Weight Is A Gift, ont offert une relecture magique de leur répertoire en compagnie d’un orchestre symphonique sur Peaceful Ghosts (City Slang).

Chronique The Last Shadow Puppets - Everything You've Come To ExpectLes valeurs sûres ont donc toujours la cote, comme en témoigne le retour de PJ Harvey (The Hope Six Demolition Project / Island) et le douloureux Skeleton Trees (Kobalt) de Nick Cave And The Bad Seeds. Plus léger mais tout autant essentiel, le second album tant attendu des Last Shadow Puppets (Everything You’ve Come To Expect / Domino) n’a pas déçu. The Kills aussi signent un retour parfait avec un Ash & Ice (Domino) qui peut surprendre sur platine mais qui prend une dimension énorme sur scène.

Si certains sont partis, d’autres semblent vouloir ne pas se barrer tout de suite. Neil Young le dit lui-même, il a encore plein de chose à faire et la preuve encore cette année il a produit deux albums, le premier Earth (Reprise), un live, suite directe de The Monsanto Years, mais surtout Peace Trail (Reprise), un superbe recueil quasi acoustique qui nous rappelle ses jeunes années. L’autre survivant c’est Iggy Pop qui a trouvé acheteur sur Le Bon Coin en la personne de Josh Homme qui a réussi à faire oublier les dernières productions ratées de l’Iguane (Post Pop Depression / Caroline).

Chroniques Charles Bradley ChangesLa soul music aussi pleure la perte de sa marraine Sharon Jones, qui laisse orphelin son ami Charles Bradley qui avec Changes (Daptone) mérite plus que jamais son surnom de Screaming Eagle Of Soul. Dans la même écurie, la soul instrumentale et rétro de The Olympians (Daptone) définit à merveille le terme décomplexé, qui peut aussi qualifier le troisième album du prince du rhythm and blues Nick Waterhouse (Never Twice / Innovative Leisure). En allant un peu plus loin dans le style musical, on arrive logiquement au jazz, un premier amour auquel revient la toujours charmante Norah Jones dont Day Break (Blue Note) n’est pas sans rappeler ses premiers efforts d’il y a bientôt quinze ans. Dans un style plus expérimental, les petits prodiges de BADBADNOTGOOD ont démontré avec IV (InnovativeLeisure) qu’ont peut mélanger les styles et les influences pour le meilleur, une démarche adoptée aussi par Adrian Younge qui nous donne vraiment envie de connaitre cette fameuse April (Something About April II / LinearLabs).

2016 touche à sa fin. Sans être une année exceptionnelle au niveau des productions musicales, elle a tout de même offert de belles choses qui méritent le détour. Avis à ceux qui seraient passés à côté. Il reste quelques jours pour ne pas être définitivement en retard.

Florian Antunes Pires

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