Camille Bertault – Le Tigre

Nous avions récemment croisé Camille Bertault sur l’album hommage que le pianiste Thierry Maillard consacre à Frank Zappa. La jeune chanteuse est aujourd’hui dans les bacs à l’occasion de son troisième album Le Tigre, sur lequel elle signe tous les textes et presque toutes les musiques. Si le premier extrait, Todolist, nous avait donné à entendre en février dernier un titre particulièrement groovy et dansant, ce nouvel album confirme que la chanteuse est tout à fait à l’aise dans des répertoires variés.

JAZZ/CHANSON

Okeh/Sony Music

La chanson éponyme apparaît très cinématographique, le gracieux félin que nous dépeint Camille prenant vie parmi une jungle sonore toute en nuances, contrastée et luxuriante comme l’est ce nouvel album. Et s’il s’agit du prince de la jungle dont on parle ici, la voix de Camille aurait plutôt les ondulations d’un serpent agile ! Crooneuse sur Dream Dream, délicatement pop dans There Is A Bird, qui mêle textes en anglais et en français, funky sur les captivants Voyage en Haïku et Ma muse, Camille nous enchante de tous ses souffles. Et si Camille Bertault est un arbre, comme elle le chante, ses racines, elle les plonge sans nul doute dans le terreau d’un jazz versatile et d’une chanson française décomplexée. Je suis un arbre démontre d’ailleurs un goût prononcé pour les chemins de traverse, la mélodie s’étirant sous différentes latitudes.

Alors les ingrédients magiques de Camille Bertault, c’est quoi ? Sûrement pas ceux qu’elle nous donne sur le parodique Le tube, avec son groove implacable et cuivré. Une fois encore (et c’est une constante chez l’artiste), les paroles partagent une intimité brûlante avec les mélodies, les textes imposant leur propre rythme. Ailleurs, lorsque Camille médite sur le temps qui passe avec Je vieillis, c’est l’occasion d’un beau dialogue entre voix et piano, le touché inspiré de Jacky Terrasson qui collabore ici pour la première fois avec la chanteuse. L’art de la nuance là encore, d’un timbre élastique qui sait fléchir et se tendre sans casser (le blues nocturne de Tous ego, et ce Prélude, inspiré par le fameux n°4 de Chopin, qui s’alanguit dans la torpeur d’une bossa nova). Camille a su s’entourer. Le trompettiste américain Michael Leonhart aux manettes, déjà présent sur Pas de Géant le précédent album, a su laisser respirer ses chansons. De la France au Portugal, de cette Berceuse de la 54ème rue qui ouvre l’album dans la langue de Molière, et le referme quelques treize titres plus loin dans la langue de Pessoa (en compagnie du guitariste Diego Figueiro), Camille Bertault fait preuve d’un étonnant éclectisme sur ce troisième opus.

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