Dijon – Exposition Donnant donnant au Musée archéologique

> Article publié à l’origine dans le numéro de l’été 2016 du journal Diversions – consulter ici

La nouvelle exposition du Musée archéologique de Dijon nous transporte dans l’univers des croyances des hommes et des femmes de l’Antiquité. Donnant donnant – Vœux et dons aux dieux en Gaule romaine s’intéresse en effet aux offrandes faites aux divinités, et dont nous avons gardé des traces aujourd’hui.

Pied dit « à l’éponge » - calcaire sanctuaire Sources de la Seine - Musée archéologique de Dijon © François Perrodin

Pied dit « à l’éponge » – calcaire
sanctuaire Sources de la Seine –
Musée archéologique de Dijon
© François Perrodin

Réalisée en coproduction avec le musée romain de Nyon en Suisse, et proposant des pièces issues de prêts d’une trentaine de musées et institutions françaises et suisses, l’exposition est à voir dans la salle des Bénédictins. Les pièces venues de Suisse sont notamment exposées pour la première fois en France. L’occasion pour le visiteur de côtoyer les nombreux dieux et déesses de la civilisation romaine, qui possédait un système religieux ouvert, les divinités des peuples occupés étant conservées, cohabitant avec les dieux romains. Le polythéisme romain portait donc particulièrement bien son nom, les lieux de cultes se multipliant dans l’Antiquité. Le syncrétisme est très développé dans la société romaine, et chaque religion possède son propre système d’offrandes, qu’il s’agisse d’entrer en contact avec les dieux gaulois, égyptiens ou issus d’autres croyances.

Dans la société romaine, le vœu est en effet une pratique très codifiée. Quant aux rituels accomplis dans les sanctuaires gallo-romains, ils étaient régis par des calendriers et des lois qui variaient selon les communautés et les lieux. L’exposition aborde notamment le sacrifice, très important dans les religions antiques, qui laissait peu de traces une fois accompli, ossements et cendres n’étant pas conservés la plupart du temps. Ces sacrifices animaux pouvaient là encore être accomplis sous des formes très diverses, et n’avaient pas nécessairement le caractère sanguinolent qu’on leur attribue généralement.

Musée archéologique de Dijon - Exposition Donnant donnant

Le vœu s’apparente à un contrat, ainsi qu’à une prise de contact entre l’homme et les dieux, et l’offrande prend des formes diverses comme on pourra l’observer dans l’exposition: monnaie, mobilier, aliments, armes, bijoux, vêtements… Le Musée archéologique a déjà eu l’occasion de présenter par le passé ces fameux ex-voto, dons consentis aux dieux en échange d’un vœu exaucé. De matières diverses, en bois, en pierre, en terre cuite ou en bronze, ces objets préexistent ou sont au contraire conçus spécialement pour être donnés en offrande. Les hommes offraient aux dieux des objets tirés de leur quotidien, ou fabriquaient des répliques en miniature de ces objets. Des offrandes qui représentaient notamment, dans ce cas, des parties du corps humain. On imagine que les parties du corps étaient en lien avec les vœux qui étaient faits. La santé constituait d’ailleurs un vœu fréquent, appelée « vota pro salus ». Mais au-delà de la santé physique, on remarque que le terme « salus » prend ici un sens plus large. Les offrandes étaient aussi données afin de préserver le rang social, les richesses… Il s’agissait d’assurer le succès de manière générale, ainsi que le désir d’enfant, qui constituait également un motif d’offrande fréquent.

Coquille en argent inscription argent massif - Sanctuaire de Menestreau GRADE Entrains-sur-Nohain, France © Michel Rosso

Coquille en argent inscription argent massif – Sanctuaire de Menestreau
GRADE Entrains-sur-Nohain, France
© Michel Rosso

L’offrande était faite à la hauteur de ce que chacun, selon son rang et sa fortune, pouvait offrir. On commençait par souscrire un vœu. Il s’agissait de la promesse de faire un don à une divinité si cette dernière exauçait le vœu. Une fois que la personne estimait que le vœu avait été exaucé, elle donnait l’offrande, sur laquelle était inscrite alors la mention VSLM – votum solvit libens merito (« il s’est acquitté de son voeu de bon coeur, comme de juste») -. C’est notamment le cas avec la coquille en argent présentée ci-dessous.

L’exposition nous explique également que la pratique du don s’est poursuivie au fil des siècles, même si elle a évolué avec l’histoire, les sociétés, adoptant diverses formes de vœux. Un dernier panneau fait ainsi allusion, en fin d’exposition, à ces ex-voto contemporains, à l’image de la fameuse Fontaine de Trevi, dans laquelle les visiteurs de Rome jettent des pièces. Si la pratique a perdu son côté religieux, pour s’apparenter davantage à une tradition touristique, elle nous rappelle que la coutume des ex-voto ne date pas d’hier !

– Paul Sobrin –

Exposition Donnant donnant – Vœux et dons aux dieux en Gaule romaine, Musée archéologique, Dijon, du 29 avril au 16 octobre 2016

musée archéologique de dijon

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